Ce vendredi, une nouvelle fois, tous les regards se porteront vers Gaza. Et plus spécifiquement vers sa frontière, où les Palestiniens de l’enclave doivent se rassembler en masse pour une grande «Marche du retour». Malgré cet intitulé, cette dernière devrait rester statique et s’arrêter à la barrière qui sépare le territoire sous blocus israélo-égyptien du sud d’Israël.
Depuis le début de la semaine, l'appareil sécuritaire de l'Etat hébreu multiplie les mises en garde, sans prendre de gants. Toute tentative de franchissement de la frontière - individuel ou groupé - sera stoppée par des tirs à balles réelles. «Nous ne permettrons pas qu'on s'infiltre en masse en Israël ni qu'on endommage la barrière», a averti le chef d'état-major israélien, Gadi Eizenkot, soulignant que 100 snipers ont été réquisitionnés. Plus tôt dans la semaine, des drones de Tsahal ont largué des flyers le long de la frontière, sommant les Gazaouis de ne pas participer à la manifestation et de se tenir à 300 mètres de la barrière, hors de la zone tampon imposée sans merci par les soldats israéliens.
Préparé depuis des semaines par le Hamas, en appui d'organisations de jeunesses «apolitiques» et avec la collaboration de l'ensemble des factions malgré le regain de tensions intrapalestiniennes, le rassemblement doit marquer le début de plusieurs semaines de mobilisation, courant jusqu'au 14 mai, date anniversaire de la déclaration d'indépendance d'Israël et jour de la Nakba (la «catastrophe») côté palestinien.
Ces derniers jours, les organisateurs ont planté des centaines de tentes sur cinq sites le long de la frontière pour pérenniser le mouvement. Le Hamas a diffusé des images de tractopelles établissant des buttes pour protéger les campements des tirs israéliens et fait circuler dans la population un vade-mecum détaillé de réflexe à adopter en cas de réaction israélienne, de l’utilisation de gaz lacrymogène au feu des tireurs d’élite. Côté israélien, les analystes estiment que jusqu’à 100 000 Gazaouis pourraient participer aux manifestations de ce vendredi, en l’honneur de la «Journée de la terre».