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Libération

Tak-Chi Tam : le prêcheur des rues

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publié le 3 avril 2018 à 19h36

Quand il regarde les gens autour de lui, Tak-Chi Tam sent la colère monter : «Ils sont tranquilles, comme si la menace n'existait pas.» «Les Hongkongais réalisent bien ce qui est en train de se passer mais ils n'osent pas aller contre le courant. Ils n'osent plus manifester et, petit à petit, abandonnent eux-mêmes leurs libertés», déplore l'animateur de radio à la voix rocailleuse, dépité devant «une culture fast-food, pragmatique et avide de résultats instantanés».

Jean noir, cuir noir et lunettes noires, cet anticonformiste et protestant revendiqué est, lui, de tous les rassemblements ou presque avec son parti, People Power. Mais «la Chine attaque de partout, on ne peut pas riposter systématiquement, surtout en si petit nombre», se désole le Hongkongais de 46 ans. Son parti compte une centaine de membres et peu de nouvelles recrues.

Il raconte que lors de la rétrocession, «il ne faisait pas confiance au Parti communiste chinois». «Le pasteur nous encourageait à apprendre la Bible par cœur avant que les communistes ne brûlent les livres saints.» Dans ce climat de peur, il se croyait cependant protégé parce que «le monde entier avait Hongkong à l'œil». Malgré tout, le principe «un pays, deux systèmes» a été mis à mal par le gouvernement chinois : «Il faut parler aux gens toutes les semaines, dans la rue, pour les amener à changer leur façon de penser.»

En 2006, Tak-Chi Tam a claqué la porte de la matinale qu'il animait sur Metro Radio, station détenue par l'un des tycoons les plus puissants de Hongkong. «On nous a fait passer comme consigne de ne pas critiquer le régime et ne pas froisser le gouvernement sous peine de perdre l'argent de la publicité.» Il décide de s'engager en politique pour «protéger les valeurs fondamentales de Hongkong». Depuis, il milite avec l'espoir de voir la démocratie enfin gagner, et le Parti communiste chinois un jour chuter.