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Libération
Interview

«L'ouverture de l'Arabie Saoudite au tourisme est tardive, mais nous allons nous rattraper»

Le site archéologique d’Al-Ula, à Madain Saleh, dans le nord-ouest saoudien, est reconnu pour ses tombes nabatéennes. (Photo Kazuyoshi Nomachi. Getty Images)
publié le 9 avril 2018 à 19h57

C'est aussi un trentenaire, et il a la même carrure et la même barbe noire que son cousin et ami, le prince héritier Mohammed ben Salman. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a désigné gouverneur de la Commission royale pour le développement d'Al-Ula. Le prince Badr ben Abdallah ben Farhan évoque avec Libération les perspectives de ce gigantesque projet touristique et culturel pour les Saoudiens : un parc naturel, touristique, archéologique et culturel de la superficie de la Belgique qui devrait voir le jour dans les prochaines années dans le Nord-Ouest du pays. La France devrait se voir confier le développement du site.

Quelle perception ont les Saoudiens de ce projet ambitieux ?

Le plus important, c’est l’aspect développement pour les communautés locales de la région d’Al-Ula, au nord du Royaume, qui compte 70 000 habitants au total. La valorisation de leur environnement et les perspectives de développer les compétences et les emplois sont essentiels. Nous avons commencé par lancer un programme de formation des jeunes de la province. Nous avons reçu plus de 2 000 candidatures pour les formations proposées en vue des emplois d’avenir sur le site. Les 150 jeunes sélectionnés, 75 filles et 75 garçon, ont entre 18 et 23 ans et viennent de commencer leur formation à Riyad, où ils apprenent le français notamment. Ils sont répartis dans les trois filières prioritaires pour le site : archéologie-patrimoine, hôtellerie et mise en valeur de l’environnement. Ces formations se déroulent en quatre ans, dont trois en France.

Les visiteurs saoudiens seront-il intéressés par ce grand site touristique ?

L’ouverture du royaume au tourisme est tardive, certes, mais c’est justement l’occasion de se rattraper en s’inspirant des expériences étrangères. Nous visons un tourisme à la fois local et international. Les Saoudiens ont pris l’habitude de voyager à l’étranger pour leurs vacances, y compris dans les pays voisins du Golfe par manque de structures touristiques et de lieux attrayants dans le pays. Or là, ils vont avoir à disposition un site unique à tous points de vue pour profiter de la nature, découvrir le patrimoine et la culture et bénéficier d’installations hôtelières comme celles qu’ils fréquentent à l’étranger.

Pourquoi avez-vous choisi la France pour développer un tel projet ?

Le partenariat avec la France sur ce projet nous a semblé tout à fait naturel et sans concurrence, compte tenu de l’expertise française reconnue dans la mise en valeur du patrimoine culturel et archéologique et de la réglementation française en matière de protection des paysages naturels et de la faune. Ainsi, nous prévoyons de réintroduire dans le parc d’Al-Ula certaines espèces animales disparues, comme le tigre de la péninsule arabique. Une douzaine d’entre eux ont commencé à être élevés aujourd’hui en vue d’être relâchés bientôt dans le désert de la région.