La chasse du MIT, les services de renseignement turcs, contre les partisans de Fethullah Gülen n’en finit pas. C’est maintenant au tour des autorités gabonaises de collaborer avec la Turquie : elles ont arrêté le 23 mars trois gülenistes présumés, sur leur territoire. Les trois hommes ont été rapatriés mardi du Gabon. Poursuivis en Turquie pour «appartenance à une organisation terroriste armée», ils travaillaient dans la direction d’écoles internationales turco-gabonaises, selon Anadolu, l'agence de presse étatique turque. L’un d’eux est accusé d’avoir été responsable des transferts d’argent en provenance d’Europe et vers l’Afrique pour le compte des réseaux gülenistes. Un système d’écoles particulièrement actives en Afrique et en Asie centrale constitue un des principaux leviers d’influence de Fetullah Gülen.
Fin mars, le MIT avait déjà rapatrié en Turquie cinq enseignants et un médecin turcs vivant au Kosovo au cours d'une opération secrète qui a provoqué une crise politique à Pristina, où les médias dénoncent un «enlèvement». Là aussi les autorités locales avaient procédé à des arrestations à la demande des services secrets turcs. Le Premier ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, avait alors ordonné l'ouverture d'une enquête et démis de leurs fonctions le ministre de l'Intérieur et le chef du Renseignement, affirmant qu'ils ne l'avaient pas informé de cette opération jugée «inacceptable».
80 partisans rapatriés
Le porte-parole du gouvernement, Bekir Bozdag, a annoncé la semaine dernière sur une chaîne turque que les services secrets avaient «empaqueté 80 [partisans de Gülen] dans 18 pays différents et les ont ramenés en Turquie» depuis 2016. C'est la première fois que le gouvernement turc chiffre le nombre de partisans présumés ramenés en Turquie contre leur gré, même si quelques cas ont été ponctuellement rendus publics.
Depuis la tentative de coup d’Etat de 2016, plus de 55 000 personnes, suspectées de près ou de loin d’appartenance au mouvement du prédicateur Gülen, ont été arrêtées dans le cadre des purges d’envergure menées sous l’état d’urgence. Si celles-ci s’exercent sur son propre territoire, la Turquie n’hésite pas à traquer les partisans partout dans le monde, avec l’aide des autorités locales et à grand renfort d’intimidations. Les pays des Balkans ont d’ailleurs relayé et appliqué à la lettre les consignes de la Turquie demandant de traquer les disciples de celui qui est devenu la bête de noire du président Recep Tayyip Erdogan.