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Gaspillage alimentaire : des associations refusent de s'emballer pour le plastique

Les Amis de la Terre et Zero Waste Europe publient ce mercredi un rapport pour souligner le lien pernicieux entre gaspillage alimentaire et conditionnement sous plastique.
(Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
publié le 11 avril 2018 à 15h47

Les emballages plastiques, censés prolonger la durée de vie de nos aliments, ne permettent pas de lutter contre le gaspillage alimentaire. C'est ce que constatent les Amis de la Terre et Zero Waste Europe dans un nouveau rapport paru ce mercredi, à rebours des arguments utilisés par les industriels pour justifier l'usage massif du plastique. «Depuis les années 50, les déchets plastiques et le gaspillage alimentaire ont augmenté de manière concomitante. Les ménages européens jettent ainsi en moyenne 30 kilos de plastique par an et 173 kilos de denrées alimentaires», précisent les auteurs de l'étude dans leur communiqué.

Dans certains cas, le conditionnement sous plastique pourrait même encourager le gaspillage. Un concombre emballé dans du film plastique se conserve cinq à quinze jours de plus. Mais cela encouragerait les ménages à avoir «un réfrigérateur constamment trop rempli». Allonger la conservation des aliments ne suffit donc pas à réduire le gaspillage alimentaire : il faut surtout changer les habitudes de consommation.

Emballages uniques polluants

Le plastique est utilisé pour conditionner 37% des aliments en Europe. Pourtant, dans la majorité des cas, l'emballage n'est utilisé qu'une seule fois. «La plupart des produits deviennent des déchets l'année même où ils sont produits», souligne le rapport. Parmi les emballages à usage unique, les sachets et papiers de bonbons sont particulièrement incriminés. Non recyclables, ils représentent 10% du marché de l'emballage et se retrouvent souvent dans la nature. «Les plastiques représentent 85 % des déchets sur les plages à travers le monde et 61 % sont des plastiques à usage unique, comme les paquets de chips, les papiers de bonbons, les récipients alimentaires et les couverts», complète l'étude.

D'ici 2020, nous consommerons plus de 900 millions d'emballages plastiques alimentaires par an. Mais après utilisation, moins de 30% des déchets plastiques européens sont collectés pour être recyclés, le reste étant soit incinéré (31%), soit mis en décharge (39%). Sans compter qu'auparavant, l'Europe exportait massivement ses déchets plastiques en Chine pour les «recycler». Mais l'empire du Milieu a décidé de mettre un terme à cette pratique en 2018.

Le rapport reconnaît que «le poids moyen des emballages a baissé depuis 2004». Mais l'industrie a de plus en plus recours à «des emballages multimatériaux et flexibles, […] plus complexes et difficiles à recycler». Le rapport préconise notamment le développement du «zéro emballage», des emballages réutilisables et le recours aux circuits courts dans la grande distribution. Les Amis de la Terre et Zero Waste invitent l'Europe à légiférer pour «repenser son approche de la production, de la distribution et de la consommation de nourriture et d'emballages alimentaires» et rappellent que «la vraie innovation se trouve chez ceux qui renoncent à toutes les formes de déchets».