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Libération

La Russie bloque la messagerie cryptée Telegram

publié le 13 avril 2018 à 20h26

«Les menaces de blocage si Telegram ne fournit pas les données personnelles de ses utilisateurs ne mèneront à rien. Telegram se battra pour la liberté et la confidentialité», affirmait sur Twitter le fondateur de la messagerie cryptée, Pavel Durov, le 20 mars. Et pourtant, la justice russe a ordonné vendredi le blocage de la messagerie cryptée. Le milliardaire de 33 ans et les représentants de la société ont préféré ne pas assister à l'audience, qu'ils ont qualifiée de «farce».

Les ennuis ont commencé en juin 2017 pour Telegram : la messagerie est menacée de blocage une première fois. Son fondateur accepte alors d'enregistrer la messagerie au registre des diffuseurs d'information en Russie, ce qu'il avait refusé de faire jusqu'alors. Ce statut l'oblige toutefois à rendre des comptes : à la fin de l'été, le Service fédéral de sécurité(FSB) demande à avoir accès aux données des utilisateurs, en prétextant l'attentat qui a fait 16 morts en avril dans le métro de Saint-Pétersbourg. Les terroristes auraient utilisé l'application pour «dissimuler leurs plans criminels». Telegram tient tête et, en octobre, la messagerie est condamnée à une amende de 800 000 roubles (près de 20 000 euros).

Souvent pointée du doigt après des attentats terroristes, la messagerie cryptée a bloqué plus de 6 000 comptes rien qu’au mois de mars. Telegram compte plus de 200 millions d’usagers dans le monde, et jusqu’à 4,8 millions d’utilisateurs actifs en Russie, où l’application est considérée comme un outil d’information à part entière.

Bannir l’application en Russie ne sera pas facile. Le blocage a déjà poussé les utilisateurs à trouver des moyens de contourner la censure. Le site d’information indépendant russe Meduza a rapporté que l’application Opera VPN faisait partie des applications gratuites les plus téléchargées sur l’AppStore, quelques heures après l’annonce du tribunal de Moscou. Cet outil permet de surfer anonymement sur Internet et d’éviter ainsi les blocages géographiques.

L’avocat de la messagerie, Pavel Tchikov, compte faire appel et insiste sur le fait que techniquement, l’entreprise n’est pas en mesure de fournir les clés de chiffrement, stockées sur les appareils des utilisateurs, comme l’exigent les autorités.