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Libération
Éditorial

Promesse

publié le 18 avril 2018 à 21h16

Une grande réussite et tant d’occasions manquées… Soixante-dix ans après sa fondation, l’Etat d’Israël reste l’une des seules démocraties du Moyen-Orient. Libertés publiques, liberté de presse et d’opinion, Etat de droit, élections régulières : les principaux critères des pays pluralistes et démocratiques sont indiscutablement respectés. Cette pérennité acquise se double d’un succès économique remarquable dans un pays largement dénué de ressources naturelles, avec un taux de chômage historiquement bas. Et pourtant, l’évolution politique du pays depuis une ou deux décennies laisse un sentiment de malaise. Israël est une promesse. Une nation neuve venue d’un lointain passé, un refuge pour les juifs du monde entier persécutés, réprouvés, survivants de la Shoah, toujours attaqués ou pourchassés dans tant de pays, un idéal sioniste égalitaire et démocratique porté avec une insigne énergie par Ben Gourion et ses camarades. Mais aussi une guerre sans fin, dont les soubresauts ensanglantent toujours la région et laisse les Palestiniens sans patrie et sans avenir. Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre, disait Marx. Depuis l’assassinat d’Itzhak Rabin, la domination du Likoud, qui devient de plus en plus l’héritier agressif de Jabotinsky, l’adversaire nationaliste et identitaire de David Ben Gourion, mine cette liberté que les institutions israéliennes maintiennent malgré tout. Une majorité d’Israéliens ne veut pas ou ne veut plus voir que la paix est leur meilleure sécurité. Pourtant, les traités signés avec l’Egypte et la Jordanie ont délivré le pays de la principale menace et assuré son existence en dépit d’un environnement hostile. Même si elle paraît lointaine, invraisemblable, presque impossible, la paix par le partage des terres avec les Palestiniens reste la seule issue acceptable, le seul moyen de tenir la promesse de 1948.