Czech Media Invest (CMI), le premier groupe de médias tchèque, s'est lancé dans le rachat massif de journaux en France. «C'est une opération d'envergure. Des fleurons de la presse française vont passer sous pavillon tchèque», souligne Pauline Ades-Mevel, de Reporters sans frontière (RSF).
Après avoir repris à Lagardère ses radios internationales en République tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie pour 73 millions d'euros, CMI mène des négociations pour le rachat de plusieurs magazines dont Elle et Télé 7 Jours. Marianne pourrait être le premier sur la liste. «CMI vient d'adresser à "Marianne" une proposition ferme d'acquisition» de 91 % de son capital, a indiqué jeudi l'hebdo en redressement judiciaire.
C'est Daniel Kretinsky, un milliardaire tchèque de 42 ans, qui contrôle CMI. Son objectif ? Faire de la France le «pilier de sa stratégie d'expansion internationale», dixit son communiqué. Copropriétaire du club de foot de l'AC Sparta Prague, il est le cinquième homme le plus riche de son pays, selon Forbes. Il a fait fortune en rachetant à travers l'Europe des centrales à charbon, avec le groupe EPH (4,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires).
Pour RSF, «il fait partie des trois oligarques qui ont contribué à changer le paysage des médias tchèques», en les reprenant à des groupes allemand ou suisse. CNC, sa branche média contrôle les tabloïds Blesk et Aha ! le journal Sport, ainsi que Reflex, l'un des principaux hebdos. Une concentration qui inquiète RSF.