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Libération
Arménie

A Erevan, le souffle de l’alternance

La capitale arménienne était en liesse lundi après la démission du Premier ministre, Serge Sarkissian.
Scène de joie à Erevan après la démission de l'ancien président Serge Sarkissian, le 23 avril 2018 en Arménie (Photo Vano Shlamov. AFP)
publié le 23 avril 2018 à 20h46
(mis à jour le 24 avril 2018 à 9h00)

«Le peuple a gagné», crient les dizaines de milliers d'Arméniens en liesse dans les rues d'Erevan, leur capitale. Après onze jours de manifestations, ils ont remporté leur bras de fer avec Serge Sarkissian, le Premier ministre, qui a démissionné ce lundi. Arrivé au terme de deux mandats présidentiels, le maximum, il avait été nommé chef de l'exécutif le 17 avril. Sauf qu'il avait pris soin de faire voter auparavant une réforme constitutionnelle qui a transformé le régime présidentiel en régime parlementaire. Ainsi, Sarkissian gardait les rênes de l'ancienne République soviétique après déjà dix ans au pouvoir. De quoi mettre le feu aux poudres.

«Je proclame le début d'une révolution pacifique», a lancé Nikol Pachinian, leader de l'opposition, alors qu'il manifestait le 17 avril aux côtés de milliers d'Arméniens pour demander le départ du Premier ministre. Et depuis la contestation n'a pas faibli. Lundi, des militaires ont même rejoint le mouvement. Mais les choses s'étaient surtout accéléré dimanche avec l'arrestation de Nikol Pachinian (libéré lundi), suivie d'une manifestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Erevan. Sarkissian avait tenté le dialogue en rencontrant son opposant devant les caméras le matin même. Mais le rendez-vous a tourné au vinaigre, après seulement quelques échanges, le chef de l'exécutif a quitté la pièce. «Le mouvement de la rue ne voulait pas que je sois Premier ministre. Je satisfais votre demande et je souhaite paix et harmonie à notre pays», a-t-il déclaré.

L’homme politique n’est pas très populaire dans ce petit pays gangrené par la corruption. Sa démission doit être suivie par celle du gouvernement, les différents partis siégeant au Parlement ont sept jours pour proposer leurs candidats au poste de Premier ministre. La bataille n’est sans doute pas terminée, car au Parlement la coalition menée par le Parti républicain de Serge Sarkissian dispose de 65 sièges sur 105.