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Libération

Nucléaire iranien : Nétanyahou tonne creux

publié le 1er mai 2018 à 20h46

Lundi soir, en direct du ministère de la Défense, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait livré en mondovision le genre de discours théâtral qu'il affectionne : en prime-time et en anglais «pour que la communauté internationale comprenne», aidé d'accessoires et d'images en tout genre pour décupler l'impact de ses «révélations» sur le programme nucléaire iranien. Mais le show télé de Nétanyahou n'a guère fait bouger les lignes. Des experts soulignent que la démonstration du Premier ministre israélien visait surtout à fournir des arguments à Donald Trump. Le président américain doit en effet décider le 12 mai s'il «déchire» l'accord signé en 2015 avec l'Iran. Que prouvent les «100 000 documents» embarqués par le Mossad dans un entrepôt de Téhéran en janvier et exhibés par Nétanyahou ? Que l'Iran a développé un programme nucléaire militaire entre 1999 et 2003, et aurait probablement continué ses recherches jusqu'en 2009. Conclusion : Téhéran «n'a pas dit la vérité» au moment de parapher l'accord, assurant n'avoir jamais cherché à obtenir l'arme nucléaire. Or il se trouve que les soupçons de la communauté internationale étaient à l'origine de l'accord. Au-delà de ça, Nétanyahou n'a pas démontré que l'Iran ne respectait pas ses engagements depuis 2015. Et donc que le protocole est inefficace. Pour la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ces reproches n'ont pas lieu d'être, car le protocole «est basé sur des engagements concrets, des mécanismes de vérification et un contrôle très strict des faits par l'Agence de l'énergie atomique». Laquelle, mardi, a affirmé qu'«aucune indication crédible» n'indiquait une reprise du programme nucléaire iranien après 2009. Pour le Quai d'Orsay, la «pertinence» de l'accord sort même «renforcée» de l'exposé Powerpoint de Nétanyahou.