Menu
Libération
Au rapport

La pollution de l'air domestique tue autant que celle de l'air extérieur

Selon l'OMS, 7 millions de décès par an seraient dus à la mauvaise qualité de l'air. La moitié à cause de la pollution à l'intérieur des domiciles. Un fléau qui touche surtout les plus pauvres.
A Kanpur, dans le nord-est de l'Inde, ce mercredi. (Photo AFP)
publié le 2 mai 2018 à 16h32

Neuf habitants de la planète sur dix respirent un air pollué. Et 7 millions d'entre eux en mourraient chaque année, notamment à cause des particules fines. Ce sont les chiffres choc publiés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ce mercredi. L'institution pointe la répartition inégalitaire de ce fléau, géographiquement et socialement. «La pollution de l'air est une menace pour nous tous, mais les populations les plus pauvres et les plus marginalisées sont les premières à en souffrir», explique le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, dans un communiqué de presse. Les niveaux de pollution les plus importants – plus de cinq fois les limites conseillées par l'OMS – ont été relevés en Asie du Sud-Est et à l'est du Bassin méditerranéen.

Près de 90% de ces décès se produisent dans des pays aux revenus faibles et moyens. En cause, bien sûr, la pollution de l'air extérieur. Mais plus de la moitié des décès est attribuée à l'air respiré à l'intérieur même des maisons. L'OMS estime qu'en 2016, 3,8 millions de personnes sont mortes parce qu'elles utilisaient au quotidien des combustibles polluants, comme du charbon ou du fuel domestique de mauvaise qualité. Pour beaucoup de gens encore aujourd'hui, des gestes aussi simples que s'éclairer, faire à manger ou se chauffer sont porteurs de risques. Les femmes et les enfants, souvent confinés à l'intérieur des foyers, sont les premiers à respirer cet air vicié, et donc les plus touchés par les maladies pulmonaires et cardiaques qui en découlent. « Plus de 3 milliards de personnes – surtout des femmes et des enfants – continuent de respirer tous les jours des fumées mortelles émises par des fourneaux et des combustibles polluants à l'intérieur de leurs habitations. Si nous n'agissons pas très vite, le développement durable restera une chimère», dénonce le directeur de l'OMS. Les niveaux de pollution sont restés globalement stables depuis six ans. Ils n'ont baissé que dans quelques régions européennes et américaines, confirmant que la répartition de la pollution de l'air est corrélée au niveau de richesse.

Les résultats des mesures de réduction de la pollution tardent encore à se faire sentir. Le rapport souligne quand même des avancées. Près d’un millier de villes ont rejoint la base de données de l’OMS sur la qualité de l’air ambiant depuis 2016, portant leur nombre à 4 300. L’augmentation du nombre de stations de mesure témoigne d’une prise de conscience croissante des dangers de la pollution de l’air. Mais le manque de données reste criant dans certaines régions, en particulier en Afrique.