Il y a un an, un Donald Trump triomphant, et très reconnaissant, s'était avancé sur la scène de la convention annuelle de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby américain pro-armes. «Vous êtes venus à mon aide, je vais maintenant venir à la vôtre […]. Vous avez désormais un ami et un champion à la Maison Blanche», avait-il clamé.
Ce vendredi, à Dallas (Texas), le président américain devrait renouveler sa déclaration d'amitié à cette organisation qui a largement contribué à remplir les caisses de sa campagne présidentielle en 2016. Rappelons que l'organisation – qui défend bec et ongles le deuxième amendement de la Constitution américaine qui garantit aux citoyens le droit de posséder une arme – lui avait versé plus de 30 millions de dollars. Si le lobby conservateur est habitué à soutenir à coups de billets verts les républicains, le montant donné à Donald Trump avait battu tous les records, indique Joseph Blocher, professeur de droit à l'université Duke et spécialiste du deuxième amendement. «En 2012, Mitt Romney n'avait bénéficié que de la moitié de ce pactole. Il y a, de toute évidence, une relation étroite entre Donald Trump et la NRA», commente-t-il. L'actuel président est d'ailleurs le premier chef d'Etat en fonction depuis Ronald Reagan à s'exprimer aux conventions de l'organisation, raout qui devrait attirer cette année quelque 80 000 amateurs de la gâchette.
Promesses
Mais contrairement à 2017, la prise de parole de Donald Trump devrait avoir vendredi moins fière allure. Le contexte a en effet changé depuis la fusillade de Parkland, en Floride, survenue il y a moins de trois mois. Cette tuerie, qui a fait 17 morts, a secoué l’Amérique et, plus que jamais, remis le débat du port des armes sur le tapis avec l’émergence d’un mouvement mené par la jeunesse américaine.
Selon un sondage d'avril, 57% des Américains considèrent désormais qu'il est plus important de contrôler les violences par armes que de protéger les droits de ceux qui les détiennent. Un chiffre en hausse de 3% par rapport à mars.
L'émotion (ou les pressions) post-Parkland a même, semble-t-il, failli faire vaciller les promesses de Donald Trump. Dans les jours qui ont suivi, ce dernier, dont les convictions au sujet des armes à feu ont oscillé au fil des ans, avait raillé un parterre de législateurs républicains pour leur faiblesse face à la NRA. «Ils ont beaucoup de pouvoir sur vous. Ils n'en ont pas autant sur moi», avait-il fanfaronné. Mais surtout, il avait indiqué, en direct à la télévision, qu'il envisageait de relever le niveau de contrôle des potentiels acheteurs et qu'il était favorable au changement de l'âge légal, de 18 à 21 ans, pour l'achat de certaines armes. Ce à quoi s'oppose farouchement la NRA.
Aucune avancée sur ces deux points n'a depuis eu lieu Au contraire, quelques jours plus tard, à l'issue d'un rendez-vous avec des représentants pro-armes, le ton avait changé. «Pas beaucoup de soutien politique (pour le dire avec douceur)», avait alors tweeté le président, qui se décrit comme un «fan» de la NRA. Cette dernière avait quant à elle estimé que les propos en direct du chef d'Etat avaient constitué «un chouette show télévisé». Une manière de rappeler que ce sont ceux qui tiennent la télécommande qui pourraient changer de chaîne.