Deux adolescentes indiennes ont été violées puis brûlées vives, vendredi, dans l’Etat du Jharkhand (nord-est). La première victime, âgée de 16 ans, a été violée par un homme de son village en marge d’un mariage auquel elle assistait. Sa famille a alors protesté auprès du conseil des anciens du village, qui a condamné deux agresseurs présumés à une amende de 50 000 roupies (750 euros) et à 100 abdos. Malgré son caractère minime, la sentence a rendu furieux les deux hommes. Ils ont incendié la maison de la jeune fille qui, prise au piège des flammes, est morte. Quinze personnes, dont des membres du conseil du village accusés d’avoir falsifié les preuves, ont été arrêtées samedi.
Le même jour, dans un autre village du même Etat, une adolescente de 17 ans a été violée. Son agresseur l’a ensuite aspergée d’essence. Brûlée à 70 %, elle a été hospitalisée dans un état critique. Ces deux affaires sordides lèvent le voile sur la condition des femmes dans les zones rurales indiennes. Selon Bénédicte Manier, essayiste spécialiste de l’Inde,
dans les villages, le conseil des notables, appelé panchayat, est souvent saisi par les habitants. Il leur permet de régler leurs affaires loin de la police, jugée lente et corrompue. Mais prive aussi les femmes d'un véritable accès à la justice. «En raison de la stigmatisation sociale, les familles des victimes ne se risquent pas à déposer des affaires pénales et les filles mineures subissent le traumatisme du silence», a souligné le journal The Hindu. La situation n'est pas plus brillante dans les grandes villes. Selon les statistiques de la police, plus de cinq femmes ont été violées chaque jour à New Delhi depuis le début de l'année, un chiffre en légère hausse par rapport à l'an dernier. En 2017, la victime connaissait son agresseur dans près de 97 % des cas : il peut s'agir d'un oncle, d'un cousin, voire de leur mari. Un lien qui leur fait souvent craindre pressions et représailles et dissuade de nombreuses victimes de porter plainte.