C’est un coup de théâtre pour le procureur démocrate, grand opposant à Donald Trump, qui s’était érigé en relais judiciaire du mouvement #MeToo contre le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel, né de l’affaire Weinstein. Le procureur de l’Etat de New York Eric Schneiderman a démissionné lundi après avoir été accusé dans la presse de violences contre quatre femmes.
Dans un article publié lundi sur le site de l'hebdomadaire The New Yorker, deux femmes ont témoigné à visage découvert contre l'homme de 63 ans, tandis que deux autres évoquent des faits présumés sous couvert d'anonymat. Eric Schneiderman «réfute» ces «accusations graves». «Si elles ne sont pas liées à ma conduite professionnelle ou aux activités de mes services, elles m'empêcheront de diriger le travail du bureau (du procureur) en cette période critique», a-t-il dit en annonçant sa démission, qui prendra effet mardi soir.
Menaces de mort
Manning Barish dit avoir eu une liaison avec le procureur de l’Etat de New York entre l’été 2013 et la fin de l’année 2015. Tanya Selvaratnam, l’autre femme identifiée dans l’article, explique avoir été en couple avec Eric Schneiderman entre l’été 2016 et l’automne 2017. Les deux victimes présumées racontent que l'ancien élu démocrate au Sénat de l’Etat de New York, les a frappées violemment à plusieurs occasions, souvent alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool. Il les aurait menacées de mort à plusieurs reprises si elles le quittaient.
Les deux femmes disent avoir consulté un professionnel de santé après avoir été giflées violemment sur le visage et l'oreille et étranglées, selon le journal. «Dans l'intimité de relations privées, j'ai pris part à des jeux de rôle et à d'autres activités sexuelles consensuelles», s'est défendu Schneiderman dans une déclaration publiée avant sa démission. «Je n'ai agressé personne», ajoute-t-il. «Je n'ai jamais eu de relation sexuelle non consentie, ce qui constitue une ligne que je ne franchirais pas». Le bureau du procureur de Manhattan, Cyrus Vance, a indiqué mardi à l'AFP avoir ouvert une enquête «sur les allégations rapportées dans la presse visant M. Schneiderman».
Eric Schneiderman est le dernier d’une série d’hommes de pouvoir à tomber de leur piédestal depuis que la parole des femmes sur les violences et abus sexuels s’est libérée dans le sillage de l’affaire Weinstein. En février, le procureur de New York avait poursuivi en justice la Weinstein Company pour ne pas avoir protégé ses employés contre la conduite d’Harvey Weinstein malgré de nombreuses plaintes du personnel. Elu procureur en 2010, il est devenu, depuis l’élection de Donald Trump, l’un de ses opposants les plus actifs au sein de l’institution judiciaire américaine. Il a engagé de nombreuses actions en justice pour contrecarrer des mesures de l’administration Trump, notamment sur le climat, l’immigration ou la neutralité du net.