Un adolescent de 17 ans a tué vendredi dix personnes dans son lycée au Texas avec des armes prises à son père, avant de se rendre.
Les premières informations, vendredi en fin de matinée, faisaient d'abord état de «blessés», après une fusillade dans un lycée de la ville de Santa Fe, au Texas. Mais quelques minutes plus tard, le président Donald Trump tweetait que la situation «ne se présentait pas bien». Dans la soirée, les autorités locales ont donné un bilan de dix morts, en grande majorité des lycéens, et dix blessés, dont un policier chargé de la sécurité des établissements du district scolaire.
Le lycéen suspecté d’être le tireur a été arrêté, ainsi qu’un complice potentiel, lui aussi scolarisé au lycée de Santa Fe, a précisé le shérif lors d’une conférence de presse. Le tireur n’a pas été blessé, selon les autorités de ce comté rural, situé entre Houston et Galveston.
Media briefing from @SheriffEd_HCSO https://t.co/c8HUyarBYp
— HCSOTexas (@HCSOTexas) May 18, 2018
«C'est avec tristesse que je peux confirmer que 10 personnes ont été tuées et que 10 ont été blessées», a indiqué le gouverneur du Texas Greg Abbott, qui s'est rendu dans la petite ville de Santa Fe, où s'est produit le drame. Le tireur a été identifié par le shérif du comté comme étant Dimitrios Pagourtzis, 17 ans. Il était armé d'un revolver et d'un fusil à pompe, des armes appartenant à son père et légalement obtenues par celui-ci, ainsi que des bombes artisanales.
File indienne
Les enquêteurs cherchent à comprendre les motivations de l'adolescent, qui n'avait pas de casier judiciaire et était inconnu de la police. Les autorités ont seulement mentionné une photo sur la page Facebook de Pagourtzis, où on le voit porter un T-shirt avec écrit «Born to kill» (né pour tuer). «Il n'y avait pas de signaux d'alarmes, contrairement à Parkland ou Sutherland Springs», a avancé Abbott, faisant référence à la fusillade de février dans un lycée de Floride, et de novembre dans une église du Texas, dont les tireurs avaient plusieurs fois été signalés à la police et inquiétaient leurs proches. «D'habitude nous avons des avertissements, mais dans ce cas, ils étaient soit inexistants, soit très difficiles à percevoir.»
Selon les premiers éléments, le tireur aurait déclenché l'alarme incendie, puis ouvert le feu à l'intérieur de l'établissement peu avant huit heures du matin, alors que les cours allaient commencer. «Quelqu'un est entré avec un fusil et a commencé à tirer, et cette fille a été blessée à la jambe», a déclaré une élève sur la chaîne locale KTRK. «Mon fils a dit que quelqu'un était entré dans la salle des cours d'arts et a commencé à tirer sur beaucoup d'élèves», a raconté un parent sur la même chaîne. Arrivé sur place peu après le début de la fusillade, il a raconté avoir vu plusieurs personnes être emmenées en ambulance.
Des engins explosifs auraient également été trouvés dans l’établissement. Les premières images diffusées par la télévision montrent des élèves en file indienne, certains en train d’être évacués vers un gymnase à l’écart, où leurs parents pouvaient venir les récupérer.
Shooting at Santa Fe High School in TX Friday morning. Assistant Principal says one person has been arrested. A witness told CNN affiliate KTRK that a gunman walked into an art class and started shooting. SE-004FR pic.twitter.com/lrcAkGNazx
— CNN Newsource (@CNNNewsource) May 18, 2018
22e fusillade dans une école en 2018
Dans un communiqué, le mouvement «March for Our lives», né dans le sillage de la fusillade dans le lycée Marjory-Stoneman-Douglas-de-Parkland (Floride) où 17 personnes avaient trouvé la mort, a rappelé qu'il s'agissait de la «22e fusillade dans un établissement scolaire cette année». Fer de lance de la mobilisation pour un plus strict contrôle des armes, les lycéens, qui ont organisé une manifestation monstre à Washington D.C. en mars, ont appelé à ne pas «balayer sous le tapis et oublier» cette nouvelle tragédie. «C'est la fusillade la plus meurtrière depuis celle qu'il y a eu dans notre lycée, et des tragédies comme celles-là vont continuer à se produire si des mesures ne sont pas prises.»
To the students and faculty of Santa Fe High School, we are with you. #MarchForOurLives pic.twitter.com/3DYXOhmwsP
— March For Our Lives (@AMarch4OurLives) May 18, 2018
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L'une des figures de proue du mouvement, Emma Gonzales, a elle aussi posté un message de soutien aux lycéens de Santa Fe sur Twitter : «Vous méritez mieux que les Pensées et les Prières, et après nous avoir soutenus en manifestant, nous serons là pour vous encourager en amplifiant vos voix.»
Santa Fe High, you didn’t deserve this. You deserve peace all your lives, not just after a tombstone saying that is put over you. You deserve more than Thoughts and Prayers, and after supporting us by walking out we will be there to support you by raising up your voices.
— Emma González (@Emma4Change) May 18, 2018
Les lycéens de Sante Fe avaient en effet participé à la journée nationale de débrayage le 20 avril initiée par les élèves de Parkland, jour anniversaire de la fusillade de Colombine, pour protester contre les violences armées et demander un meilleur encadrement dans l’accès aux armes.
@schoolwalkoutUS Santa Fe High School. Santa Fe, Texas. #NeverAgain We read a poem by a parkland survivor, handed out gun violence fact sheets and orange ribbon, did 17 minutes of silence, and then talked about ways to raise awareness for gun violence, and make your voice heard. pic.twitter.com/UiIwVVw75q
— AZ (@mukethemusical) April 20, 2018
En milieu de journée vendredi, Donald Trump a commencé une conférence de presse par un message sur cette «horrible attaque». «Cela dure depuis trop longtemps dans notre pays», a-t-il affirmé, assurant que son administration était déterminée à faire «tout ce qui est en son pouvoir» pour protéger les étudiants et s'assurer que «ceux qui représentent une menace pour eux-mêmes et pour les autres» ne puissent détenir d'armes.
Le Texas, un Etat pro-armes
Le président américain s'était pourtant présenté comme «un ami et un champion à la Maison Blanche» de la National Rifle Association (NRA), le principal lobby des armes aux Etats-Unis. Preuve de son soutien, il s'est exprimé début mai à la convention annuelle de la NRA, qui se tenait à Dallas, au Texas. Cet Etat, où se situe le lycée de Santa Fe, a l'une des législations les plus souples en matière d'armes à feu. Par exemple, les Texans ne sont pas obligés d'enregistrer auprès des autorités les armes à feu qu'ils possèdent, sauf s'ils ont un casier judiciaire. Donald Trump a plusieurs fois mentionné cet Etat comme laboratoire possible de sa proposition d'armer les profs, après la fusillade de Parkland.
La Floride, considérée également comme un Etat pro-armes, a adopté pour la première fois des mesures restrictives après la tuerie de Marjory Stoneman Douglas. Le Texas n’a pas fait de même après le massacre de 26 paroissiens de l’église de Sutherland Springs, près de San Antonio, en novembre dernier. Après la fusillade dans l’école primaire de Newtown, dans le Connecticut, de nombreux Etats ont pris des mesures pour restreindre l’accès aux armes et améliorer les procédures de contrôle. Pas le Texas, qui, au contraire, a facilité l’accès aux licences, rendues moins chères. Un million de résidents y ont aujourd’hui une licence pour port d’armes. Depuis août 2017, il est même autorisé de porter une arme de poing sur les campus des universités texanes, à condition que celle-ci soit dissimulée.