Pour voter, les électeurs se déplacent en masse vers Dublin. Dans la direction opposée à celle des voyages solitaires et parfois tragiques de ces milliers d'Irlandaises qui chaque année franchissent la frontière pour aller ailleurs, pour y recevoir l'assistance, les soins que l'Irlande leur a, jusqu'à présent, refusés. Pour avorter. A la mi-journée, les premières estimations donnaient un taux de participation élevé, plus élevé qu'en 2015 pour le référendum sur le mariage pour tous (déjà un record), avec 61 % d'électeurs qui s'étaient déplacés. Ils sont 3,3 millions d'Irlandais à pouvoir voter et décider de supprimer ou pas le VIIIe amendement de la Constitution qui, de fait, interdit l'avortement, y compris en cas de viol, inceste ou malformation fœtale fatale. Certains sont venus de loin pour ce scrutin. L'avion en provenance de Londres était plein en ce vendredi matin et plusieurs jeunes femmes portaient fièrement un sweat-shirt noir barré du mot «Repeal» («Supprimez»), slogan de campagne du oui en faveur de la libéralisation de l'avortement.
Rowena, elle, vient d'atterrir en provenance de Madrid. «Je savais qu'il fallait que je sois là, c'est trop important, explique-t-elle. J'ai peur, j'ai très peur que ce soit serré et c'est pour cela que je suis venue, pour voter oui.» Elle raconte que sa maman, «très religieuse, va voter oui, pour elle et ses petites filles. Mais qu'elle s'est fâchée avec plein d'amies qui vont voter non». Des estimations de sortie des urnes devaient être publiées juste après la fin du scrutin, à 23 heures. Les résultats officiels seront connus ce samedi après-midi.