Menu
Libération

BeIn piraté : le Qatar contre-attaque

publié le 29 mai 2018 à 20h36

Le Qatar réussira-t-il à sauver les droits pour BeIn Sports à la veille de la Coupe du monde ? Il vient de demander à la Fifa «d'entreprendre une action légale directe contre Arabsat». Cet opérateur basé en Arabie Saoudite est soupçonné d'être derrière un piratage. Un mystérieux bouquet au nom évocateur de «BeoutQ» diffuse depuis octobre l'essentiel des matchs et programmes de BeIn au Moyen-Orient et au Maghreb. Les téléspectateurs arabes peuvent s'offrir un décodeur au prix de 107 dollars (92 euros) par an pour accéder à l'offre. Face à ce piratage, la chaîne qatarie a décidé de diffuser gratuitement les 22 matchs des quatre équipes arabes participant à la Coupe du monde (Egypte, Maroc, Tunisie… et Arabie Saoudite) dans les pays concernés.

Aux enjeux déjà de sport et d'argent s'ajoute dans cette affaire un conflit politique majeur entre les deux pays. Cela fera un an le 10 juin que la rupture brutale et totale est intervenue entre ces pétromonarchies. La querelle avait d'ailleurs commencé par une affaire de piratage de l'agence de presse qatarie, avec la publication de «fausses» déclarations du prince du Qatar, selon Doha. Emmenés par les Saoudiens, trois autres pays de la région (l'Egypte, les Emirats arabes unis et le Bahreïn) ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec le petit émirat. Le retrait des licences de BeIn Sports et l'interdiction de vente de ses décodeurs figuraient parmi les mesures du blocus imposé au Qatar.

L'Arabie Saoudite, qui dément formellement les accusations portées par son voisin, a condamné le piratage. L'appel du Qatar à la Fifa, qui a déclaré «prendre les violations de sa propriété intellectuelle très au sérieux» et combattre les infractions, a-t-il troublé les responsables du royaume saoudien ? Le prince héritier Mohammed ben Salmane a en tout cas reçu la visite samedi à Djedda du président de la Fifa, Gianni Infantino.