Il ne sera finalement pas possible d'incarner un tireur dans un lycée… Après plusieurs jours de polémique, le jeu vidéo Active Shooter a été retiré mercredi matin de la plateforme Steam alors que celle-ci l'avait dans un premier temps validé. Le jeu vidéo qui devait être lancé le 6 juin pour 5 à 10 dollars l'unité a déclenché une très vive controverse, alors que les tueries provoquées dans des établissements scolaires ces derniers mois ont relancé le débat sur les armes aux Etats-Unis.
«Nous avons retiré le développeur Revived Games et l'éditeur ACID de Steam. Ce développeur-éditeur est, en fait, quelqu'un qui se fait appeler Ata Berdiyev, et qui avait déjà été retiré l'automne dernier quand il agissait sous les noms de "[bc]Interactive" et "Team Elusive", a expliqué à Motherboard le studio américain de développement de jeux vidéo Valve Corporation. Ata est un troll, avec un passé d'abus de la clientèle.»
Pétition contre le jeu
Active Shooter, s'il avait vu le jour, aurait permis au joueur de se mettre dans la peau soit du tireur faisant feu dans un campus ou une école, soit des policiers d'intervention. Il aurait donc dû faire le choix entre diriger ses équipes et mettre à mal la menace ou faire le plus de victimes possible, comme le montre le trailer du jeu.
Aux Etats-Unis, les réactions ont été très vives. Stephanie Robinett, une mère de famille, avait lancé une pétition sur Change.org, qui approchait les 200 000 signatures mercredi. «Comment peut-on dormir la nuit en sachant qu'ils se font de l'argent en transformant des fusillades meurtrières dans les écoles en divertissement?», écrit Stephanie Robinett. En réaction, ACID a publié un communiqué expliquant qu'Active Shooter était une simulation essentiellement basée sur les membres du SWAT.
L'auteure de la pétition s'est réjouie de la décision de Valve Corportation : «C'est une excellente nouvelle et un rappel pour nous tous que nous pouvons changer les choses en prenant la parole. Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose! Votre voix compte.»
Indignation des victimes
Les familles et les amis d'élèves tués par balles dans leur lycée aux Etats-Unis ont aussi élevé leur voix contre le jeu. «Depuis que ma fille a été tuée pour de vrai dans une fusillade à l'école, j'ai vu et entendu beaucoup d'horreurs ces derniers mois. Ce jeu est l'une des pires», a réagi Fred Guttenberg, le père d'une adolescente victime d'un tireur en février à Parkland en Floride, selon l'AFP. Emma González, David Hogg et Jaclyn Corin, rescapés de cette fusillade, qui a fait 19 morts, et nouveaux visages de la lutte contre les armes aux Etats-Unis, se sont aussi dressés contre le jeu et ont joint leur voix à cet appel. Le sénateur de Floride, Bill Nelson, a estimé «impardonnable» l'existence d'un tel jeu.