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Libération

Acier : Macron fustige le nationalisme de Trump et pointe le risque de guerre

publié le 1er juin 2018 à 20h36

A grand renfort de volontarisme, Emmanuel Macron se montrait jeudi soir relativement confiant : non, Trump ne gagnera pas ce nouveau bras de fer engagé au nom de la défense de l'industrie américaine. N'a-t-il pas déjà échoué sur le climat ? N'est-il pas en train de perdre la partie sur le dossier iranien ? Sur ces deux fronts, le président français estime que sa méthode de défense obstinée du multilatéralisme et du droit international a fait ses preuves. Sur le commerce, l'Europe peut et doit, selon lui, «se porter non seulement en défenseur de ses propres droits, mais aussi en puissance garante de l'Organisation mondiale du commerce».

Comme la chancelière Angela Merkel, Emmanuel Macron a qualifié jeudi d'«illégale» la décision américaine sur les tarifs douaniers. Il l'a dit de vive voix en fin de soirée à Donald Trump, au cours d'un entretien téléphonique. A cette «erreur» de Washington, l'Europe ripostera «de manière ferme et proportionnée», a-t-il ajouté, invitant une nouvelle fois son ami américain à participer à des négociations pour une «refonte» des règles de l'Organisation mondiale du commerce. Selon lui, ce travail doit viser à «résorber les surcapacités, encadrer les subventions et mieux protéger la propriété intellectuelle». Devant quelques journalistes, Macron a estimé que Trump répondait aux déséquilibres internationaux «de la pire manière, c'est-à-dire en fragmentant et en faisant du nationalisme économique et commercial». «Le nationalisme, c'est la guerre, a-t-il ajouté, citant François Mitterrand. C'est exactement ce qui s'est passé dans les années 30.»

Manifestement soucieux d'insister sur les dangers que fait courir au monde le nationalisme trumpien, Macron avait déjà comparé la veille, devant l'OCDE, la situation contemporaine à celle qui a conduit à la Seconde Guerre mondiale : «Le continent européen l'a vécu et l'a payé. Nous avions choisi la guerre commerciale qui est devenue la guerre tout court. Personne, quelques éclaireurs mis à part, n'a alors pensé utile ou nécessaire de protéger et de développer l'embryon de cadre multilatéral mis en place après la boucherie de 1914-1918.» Une façon pour lui de faire la publicité du forum pour la paix qu'il se propose d'organiser en novembre pour commémorer, à Paris, le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.