Demi-tour au frein à main : menacé de lourdes sanctions américaines, comme d'autres entreprises françaises présentes en Iran, PSA a décidé de quitter le pays sans attendre l'ultimatum, fixé au 6 août par Trump. Le groupe automobile a annoncé lundi qu'il avait «commencé le processus de suspension de [ses] activités afin de se conformer à la loi américaine».
Une décision sans surprise après l’embargo décrété par Washington vis-à-vis de Téhéran, dans la foulée de la dénonciation unilatérale de l’accord sur le nucléaire iranien par les Etats-Unis. Il y a quelques jours, le pétrolier Total, très impliqué dans le projet gazier South Pars, avait lui aussi décidé de plier bagage, son PDG, Patrick Pouyanné, prenant acte de l’oukase américain.
Reste que le coup est rude pour PSA. Présent en Iran depuis les années 70, le groupe était parvenu après la chute du chah à faire affaire avec les mollahs afin d’implanter ses deux grandes marques, Peugeot et Citroën. Pour ce faire, le Français avait noué des partenariats avec des groupes locaux. Malgré un premier retrait du pays en 2012 sous la pression de son allié américain de l’époque, General Motors, PSA était devenu l’un des premiers constructeurs étrangers en Iran avec 444 600 véhicules vendus en 2017. Ce pays était même son plus gros marché à l’export en volume, devant la Chine. Notamment grâce à de vieux modèles Peugeot 206 et 405 assemblés par son partenaire local Khodro.
En 2016, le Français avait annoncé un ambitieux programme d'investissement - 1 milliard d'euros sur cinq ans - pour produire d'autres modèles sur place : 200 000 unités pour Peugeot et 150 000 pour Citroën d'ici à 2021. Mais la pression américaine a été plus forte, Trump menaçant toute entreprise étrangère faisant affaire avec l'Iran de «graves conséquences», à savoir des sanctions pécuniaires et une éviction du marché américain.
Cette dernière menace posait plus problème à Total qu'à PSA, quasi absent outre-Atlantique. Le groupe n'a pas voulu s'exposer au gros retour de bâton financier que constituerait une interdiction de commercer en dollars à travers le monde. PSA dit être toujours «en contact avec les autorités américaines pour envisager une dérogation» à l'embargo, «avec le support des autorités françaises». Mais sans trop y croire. Et s'emploie donc à relativiser l'impact de son départ forcé, rappelant que ses activités en Iran pèsent pour «moins de 1 % de son chiffre d'affaires» (65 milliards d'euros en 2017). De fait, les vieux modèles vendus en Iran rapportent peu. Reste qu'avec la libéralisation en cours, ce marché, avec ses 80 millions d'habitants, était prometteur.