De la diplomatie de salon à la diplomatie de saloon… Exit le «Library Group», la bibliothèque de la Maison Blanche où se tint le premier G5 en 1974. Place au «discord group», un sommet de la zizanie entre «grands» de ce monde où un géant, les Etats-Unis, traite les autres comme des nains. Certes, l’agenda du Rotary Club des pays riches est passé de l’économie à la gouvernance globale. Mais jamais les dissensions n’ont été aussi féroces dans ce G6+1. Même à l’intérieur du «G4», entre une Allemagne affaiblie, un Royaume-Uni déchiré, une Italie divisée et une France qui brandit la résistance collective mais agit souvent en solo, l’unité de vues a disparu. Usé, vieilli, fatigué, le G7 nous ramène au siècle dernier, quand la diplomatie se jouait moderato cantabile dans les hôtels feutrés. Les pays les plus industrialisés pesaient 60 % de la richesse de la planète en 1980. Ils n’en représentent à peine plus que 40 % aujourd’hui ; 20 % en 2050. Ils avaient le monopole de l’agenda planétaire. Ils doivent composer avec les désordres d’un monde multipolaire. Les grandes démocraties peuvent se prévaloir de discussions franches derrière des portes closes, jeter les bases d’initiatives parfois louables (le Fonds mondial contre les pandémies en 2001), ou très contestables (la nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, en 2012). Mais leur légitimité est triplement contestée. Par la société civile qui reproche au G7 de faire passer le libre-échange avant la lutte climatique ou contre les inégalités. Par le G20 qui, dès 2008, a inclus les grands pays émergents dans la molle gouvernance d’une planète chaotique. Par le travail de sape de Poutine contre les démocraties occidentales et, surtout, la parole erratique du président américain. A quoi sert le G7 ? «Bonne question, nous la poserons à Donald Trump», confie un proche de Macron. Pas sûr que la réponse lui plaise.
Dans la même rubrique