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Libération
Reportage

A Gaza, des cerfs-volants palestiniens contre les drones israéliens

publié le 8 juin 2018 à 20h46

Le regard, cette fois-ci, n’était pas sur l’horizon, de l’autre côté des barbelés, mais dans les airs, où se jouait vendredi la bataille : le cerf-volant palestinien contre le drone israélien.

L’engin téléguidé s’est emmêlé dans la longue ficelle tirée par des jeunes, à quelques centaines de mètres de la mortelle frontière. La moitié d’entre eux ont le visage masqué, par un keffieh ou l’un de ces masques grimaçants rendus célèbres par le groupe Anonymous, visibles partout ici, dans le camp de Malaka, à l’est de la ville de Gaza. La foule s’agite, crie - on tire sur la corde comme on mouline une canne à pêche, jusqu’à ce que le drone s’écrase dans un chaos de cris et de corps s’arrachant le trophée. Enième remake du David contre Goliath, sauf que ces cerfs-volants incendiaires, toujours plus sophistiqués, ont réussi, ces dernières semaines, à réduire en fumée plus de 900 hectares de champs et de parcs naturels israéliens.

Dans la chaleur étouffante, le Hamas a donc tenté de redonner vie et forme à la «Marche du retour», mobilisation hebdomadaire à la frontière de l’enclave palestinienne, lancée fin mars et réprimée à balles réelles par les snipers israéliens. Après un 14 mai sanglant (plus de 65 Palestiniens tués), le Hamas a mis un frein à la mobilisation. Pour faire place au deuil, au ramadan, mais surtout pour éviter l’escalade. Vendredi, peu de Palestiniens se sont aventurés près de la frontière, il n’y avait quasiment pas de lanceurs de pierres. En réponse, peu de tirs de snipers israéliens, postés à moins de 100 mètres. Bilan : 3 morts et 525 blessés, dont un photographe de l’AFP.