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Au rapport

Pour l'ONU, la fin des conflits violents passera par la prévention

Le Programme des Nations unies pour le développement publie ce mardi le rapport Pathways for Peace. L'étude réalisée en partenariat avec la Banque mondiale dresse un constat alarmant de la situation internationale et revient notamment sur le conflit syrien.
15 juillet. Dans le nord d'Alep (Syrie), après une frappe aérienne par les forces gouvernementales. Plus de 170 000 personnes ont été tuées au cours des trois ans de guerre, dont un tiers de civils, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme. (Photo Karam al-Masri. AFP)
publié le 12 juin 2018 à 12h46

Prévenir plutôt que guérir trop tard. C'est l'enseignement principal à retenir de ce rapport qui dresse une liste détaillée de recommandations pour les pays en guerre et les territoires à risque. Présenté à Paris ce mardi par la directrice générale de la banque mondiale, Kristalina Georgieva, et par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, le rapport s'attelle à la difficile mission de la prévention et de la gestion des conflits violents.

Après des années de déclin, les conflits violents sont en nette augmentation, d'après les conclusions de l'étude menée par le Programme des nations unies pour le développement (Pnud). Le XXIe siècle marque l'avènement de la guerre directe, des populations déplacées et des attentats terroristes. Un siècle où la violence des conflits se répand au-delà des frontières nationales. En 2016, 18 des 47 conflits se sont internationalisés. Depuis la seconde guerre mondiale, seule l'année 2015 avait été plus touchée, avec 20 conflits devenus internationaux.

«L’inclusion est la clé»

L'étude appelle à des partenariats plus profonds entre les différents acteurs internationaux pour faire avancer la paix. Elle pointe la nécessité d'avoir une bonne coordination entre les pays étrangers qui interviennent sur un même territoire conflictuel : «L'inclusion est la clé.» Pour les auteurs de l'étude, l'action préventive a besoin d'adopter une approche plus centrée sur l'individu. «Un des objectifs de Pathways for Peace est d'insuffler une nouvelle manière de penser les relations de paix, développement et sécurité. Ces relations prennent une forme concrète dans des approches inclusives pour prévenir les conflits. Il faut mettre en vigueur des politiques sur le long terme pour répondre aux aspirations des femmes et de la jeunesse», précise le rapport.

L’impact de la Syrie

Pathways for Peace prend comme exemple principal la situation en Syrie pour mieux analyser l'impact du conflit sur les populations et les régions alentours. Avec ses 400 000 victimes, cette guerre est «significative de la crise contemporaine». Le Fonds des Nations unies pour l'enfance a sonné l'alarme et rapporté plus de 1 500 cas de violences sur des mineurs en territoire syrien. Ces violences ne concernent que l'année 2015. La proportion des enfants soldats recrutés en dessous l'âge de 15 ans est passée de 20% en 2014 à 50% en 2015. Une augmentation qui va de pair avec les mariages d'enfants : depuis le début de la guerre, le nombre de mineures mariées a quadruplé.

Avec 5 millions de personnes qui ont fui le pays et 6,3 millions de déplacés internes, les pays voisins de la Syrie sont les premiers à accueillir l'afflux de civils. La Jordanie a enregistré 659 593 réfugiés syriens, le Liban 1 000 051, tandis que la Turquie arrive en tête avec 3 106 932 réfugiés accueillis. «Les impacts des conflits violents sont vastes, inscrits dans la durée et retombent le plus durement sur les civils», rappelle le rapport.

Dorénavant, les sanctuaires historiques des lois humanitaires internationales ne sont plus des abris pour les civils. Pire, ils sont délibérément visés par les violences, notamment en raison de l'augmentation des frappes aériennes longue distance. En Syrie, plus de la moitié des hôpitaux ont été partiellement ou totalement détruits.

«Le moment d’agir est arrivé»

Les conclusions du Pnud et de la Banque mondiale montrent que «l'appel pour une action urgente n'a peut être jamais été aussi clair. Le moment d'agir est arrivé». Plutôt que l'intervention ou l'action, le rapport pointe la nécessité pour les acteurs nationaux de s'engager dans les efforts de prévention : «Ce sont eux, les acteurs nationaux, qui peuvent faire des changements significatifs.» Il est enfin rappelé l'importance de la formation de coalitions, aussi bien locales que globales dans la prévention des conflits.

Même si, comme le rappellent les auteurs de l'étude, il n'existe pas de formule magique pour éviter les conflits, Pathways for Peace montre que les résultats de la prévention. Elle permet de sauver des vies et même de faire des économies. Un système hiérarchisé pour une action préventive pourrait permettre d'économiser entre 5 et 70 milliards de dollars. «De l'argent qui pourrait être réinvesti dans des politiques de réduction de la pauvreté