Dans la nuit de mardi à mercredi, le ciel de Gaza fut à nouveau le théâtre d'un déluge de feu. Les chasseurs israéliens ont conduit 25 frappes dans la bande de Gaza, pendant que le Hamas tirait à 45 reprises en direction d'Israël. Comme un remake nocturne d'Un jour sans fin, le Hamas et l'armée israélienne ont rejoué pour la énième fois leur explosif «dialogue».
Dans l’absolu, aucun camp ne veut d’une nouvelle guerre ouverte comme celle de 2014. Comme lors du dernier accès de fièvre de ce genre, le 29 mai, l’armée pilonne encore et toujours les mêmes «cibles militaires» vides de l’organisation islamiste (camps d’entraînement, dépôts d’armes, poste d’observation), pendant que le Hamas prend soin de stopper le tir de roquettes et d’obus de mortiers à l’aube. D’où l’absence de victime de part et d’autre.
Cependant, cette récente flambée de violence, pour l'instant plus symbolique que létale, est due à une nouvelle inconnue dans l'équation des «règles d'engagement» écrite par la poudre entre Tsahal et le Hamas : les cerfs-volants et ballons incendiaires envoyés de Gaza. En trois mois, ces jouets détournés de leur fonction ludique ont réduit en cendres plus de 2 000 hectares de terres frontalières à l'enclave sous blocus. Mardi, les pompiers israéliens ont dû faire face à pas moins de 20 feux provoqués par cette nouvelle arme du pauvre des Palestiniens, sans cesse perfectionnée (dernière trouvaille en date : les préservatifs gonflés d'hélium, transparents et donc moins repérables que les ballons colorés).
Depuis une semaine, Tsahal a durci sa réponse. D'abord en effectuant des tirs de sommation à l'aide de drones militaires à proximité de jeunes préparant des cerfs-volants, et désormais, en effectuant des frappes nocturnes sur les installations du Hamas après chaque envoi massif de ces derniers durant la journée - l'étincelle qui a provoqué l'embrasement de la nuit passée. C'est cette dernière «équation» que refuse le Hamas. Alors que l'armée israélienne tente d'imposer une équivalence entre les cerfs-volants et les roquettes pour mettre fin aux feux, le Hamas voit le mouvement des cerfs-volants, au départ spontané, comme un moyen de contenir et rediriger la frustration de sa jeunesse, au bord de l'explosion. Hors de question donc, pour le Hamas, d'y mettre fin pour le moment, ni d'accepter ces nouvelles règles.