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Libération
Éditorial

Pathologie xénophobe

publié le 20 juin 2018 à 21h36

Il a fallu l’intervention des élus démocrates, d’une partie des républicains, de Melania, d’Ivanka, de l’OCDE, des organisations de droits de l’homme, des anciennes premières dames, de Hollywood, des églises, et de bien d’autres… A la fin, réprouvé dans son propre camp, il a cédé. Il a donc fallu une mobilisation nationale - et mondiale - pour que Donald Trump, dans un début de commencement de sursaut humanitaire, accepte de ne plus séparer de leur famille les enfants dont les parents ont commis le seul crime de franchir illégalement la frontière des Etats-Unis pour travailler dans des orangeraies ou servir dans des restaurants texans. Pathologie xénophobe, dans un pays qui s’est historiquement construit sur…l’immigration.

Au même moment, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui a repoussé l'Aquarius et ses 600 migrants des côtes italiennes, exige qu'on recense les Roms du pays en vue d'en expulser une partie. Demande inconstitutionnelle qui a suscité le malaise jusque dans son gouvernement. Ainsi va le monde en principe démocratique quand il s'abandonne au mal nationaliste. C'est la traduction humaine et concrète des discours sur «l'identité menacée» et la «submersion migratoire» qu'on lit à longueur de colonnes dans les journaux de droite : les réfugiés à la mer, les Roms en fiches, les enfants en cage. Quand on fait passer l'obsession identitaire avant les droits humains (le «droit-de-l'hommisme» des «bien-pensants», en novlangue nationaliste), tout devient possible. Ces spectaculaires manquements au droit des gens le plus élémentaire feront-ils réfléchir les obsédés de la fermeture des frontières, qui ont sous les yeux les conséquences tangibles, immédiates, humaines, de leurs discours ? Rien n'est moins sûr. Le combat ne fait que commencer.