Le gouvernement mexicain a condamné mardi la «cruelle et inhumaine» séparation des familles de migrants qui entrent clandestinement aux Etats-Unis, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Luis Videgaray. «Je veux au nom du gouvernement et du peuple mexicain exprimer la plus catégorique et énergique condamnation de cette politique», a déclaré le ministre en conférence de presse. «Nous lançons un appel au gouvernement américain, au plus haut niveau, pour qu'il reconsidère cette politique et donne priorité au bien-être et aux droits des petits garçons et petites filles, indépendamment de leur nationalité et de leur situation migratoire», a ajouté Luis Videgaray.
D'autres pays d'origine des clandestins ont réagi. Le Salvador a condamné des mesures qui «constituent des atteintes aux droits humains et aggravent la vulnérabilité des enfants». Le gouvernement du Honduras a employé des termes similaires. Le Guatemala s'est distingué, lundi, quand le porte-parole de la présidence, Heinz Hiemann, a affirmé que son pays «respectait» la politique antimigratoire de Donald Trump. Devant l'indignation provoquée, le fonctionnaire a été limogé et la ministre des Affaires étrangères, Sandra Jovel, a fait part le lendemain de sa «préoccupation». La condamnation formelle n'est intervenue que mardi soir, par le biais d'un communiqué. La ministre est elle-même sous le coup d'une enquête judiciaire pour «adoption illégale», des faits remontant à 2010.
Le Guatemala aligné sur Washington
En fonction depuis janvier 2016, le président guatémaltèque Jimmy Morales, ancien comique télévisuel, a multiplié les gestes d’allégeance envers Washington, le plus spectaculaire étant le déménagement à Jérusalem, en mai, de l’ambassade du Guatemala en Israël, deux jours après les Etats-Unis. L’opinion et les médias du pays reprochent au Président son indifférence et son inaction devant plusieurs drames survenus récemment : l’éruption du volcan Fuego le 3 juin (112 morts et près de 200 disparus) ou l’incendie d’un foyer-prison où avaient péri 41 jeunes filles, en mars 2017.
Le Guatemala semble pourtant le pays le plus concerné par les séparations d'enfants de parents clandestins : ils sont au moins 465 depuis le mois de mai, selon les chiffres donnés par la ministre des Affaires étrangères. A titre de comparaison, son homologue mexicain affirme que moins de 1% des enfants séparés sont mexicains. Le manque de réaction de Morales a provoqué la colère de la congressiste démocrate de Californie Norma Torres, née au Guatemala et arrivée à l'âge de 5 ans, avec ses parents, aux Etats-Unis. «Le refus du gouvernement de défendre les enfants est inexcusable», s'est-elle fâchée sur Twitter.
The refusal of @GuatemalaGob to stand up for Guatemala’s children is inexcusable. A government’s first responsibility is to protect its citizens, especially its children. Honduras and El Salvador have joined against family separation. What is Guatemala’s government afraid of? https://t.co/mr0sijLmaj
— Rep. Norma Torres (@NormaJTorres) June 19, 2018