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Libération
Brexit Stories

Le Brexit, un long jour sans fin

Menaces de démissions, et puis non, menaces de virer Theresa May, et puis non… Depuis deux ans, le Royaume-Uni vit et revit les mêmes péripéties.
Theresa May sort du 10, Downing Street, le 6 juin. (Photo Ben Stansall. AFP)
publié le 22 juin 2018 à 6h58

C'est comme le film Un jour sans fin. Tous les jours, un présentateur de la télévision y revit exactement la même journée, encore et encore. Depuis deux ans (samedi), le Royaume-Uni presque brexité vit et revit les mêmes péripéties, au rythme des mêmes ritournelles redondantes, comme «Brexit veut dire Brexit» ou «Nous allons faire du Brexit un succès». Il vit au rythme des multiples menaces de démission de David Davis, le ministre en charge des négociations sur la sortie de l'Union européenne, évitées chaque fois de justesse après une ultime concession de la Première ministre, Theresa May. Parfois, souvent en fait, interviennent de vraies démissions, deux en deux semaines récemment. Philip Lee, secrétaire d'Etat à la Justice, a quitté le gouvernement la semaine dernière, mécontent de la direction des négociations sur le Brexit.

Rétropédalage

Secrétaire d’Etat au Commerce, Greg Hands a démissionné jeudi, pour protester contre la construction d’une troisième piste sur l’aéroport d’Heathrow envisagée par le gouvernement. Toutes les semaines ou presque, les conservateurs pro-européens, baptisés «les rebelles», menacent de renverser le gouvernement de Theresa May, qui ne dispose pas d’une majorité absolue à la chambre des Communes. A la dernière minute et à chaque fois, ils rétropédalent après une ultime et vague concession de Theresa May. C’est ce qui s’est produit cette semaine et a finalement abouti à l’adoption par le Parlement, mercredi soir, de la loi sur le retrait de l’Union européenne, après un va-et-vient d’amendements assez confus entre les deux chambres, les Communes et les Lords.

Toutes les semaines toujours, les conservateurs europhobes, Boris Johnson en tête, menacent de virer Theresa May avant, finalement, de se raviser après avoir reçu un nouvel os à ronger.

Elucubrations

La Première ministre britannique est-elle donc si faible qu’elle ballote d’un camp à l’autre au gré des débats, ou est-elle en fait un stratège redoutable qui ménage ses troupes grâce à un machiavélisme extraordinaire ? L’une des grandes craintes exprimées au Parlement, chaque fois qu’un vote l’a mise en difficulté, est qu’une défaite aux Communes affaiblirait sa main dans les négociations avec l’Union européenne. Ces lancinantes, et épuisantes, élucubrations parlementaires prouvent pourtant une seule chose : acculée, Theresa May recule. Ce qui, pour les négociateurs européens, pourrait, en soi, être une information intéressante.

Pendant ce temps, la politique britannique et les négociations sur le Brexit avancent au ralenti. Le plan post-Brexit pour les citoyens européens qui vivent au Royaume-Uni a finalement été rendu public jeudi. Pour obtenir le sésame du «settled status», qui leur permettra de rester s'ils vivent dans le pays depuis cinq ans au moins d'ici la fin 2020, ces citoyens issus d'Etats membres de l'Union (et aussi suisses, islandais, norvégiens ou du Liechtenstein) devront, à travers une procédure «ultra-simplifiée», prouver leur identité, leur domicile au Royaume-Uni et l'absence de casier judiciaire. Le tout pour la somme de 65 livres (74 euros) par adulte. Le ministère de l'Intérieur s'attend à environ 3,5 millions de demandes.