Dans la nouvelle Italie, issue des urnes le 4 mars, on peut croire aux (cinq) étoiles mais douter de la lune. Pour le nouveau sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Carlo Sibilia, le débarquement d'Apollo 11 sur le satellite de la terre, le 10 juillet 1969, n'a en effet jamais existé. «Une farce», déclarait-il en 2014 dans un tweet. Interrogé récemment sur la question après sa nomination au gouvernement, ce responsable historique du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a confirmé : «Le débarquement sur la Lune est un épisode controversé.»

Connu pour ses dérapages conspirationnistes, Carlo Sibilia n'est toutefois pas isolé dans sa croisade antiscientifique et antimoderniste. Depuis plusieurs années, l'eurodéputé Cinq Etoiles Marco Zullo mène bataille contre «les trainées chimiques des avions» qui pourraient cacher des expériences de pouvoirs occultes pour contrôler le climat ou répandre des maladies, une conspiration très populaire aux Etats-Unis. «Qui peut exclure l'existence des trainées chimiques ?» lui a fait écho, en 2014, sa collègue Paola Taverna aujourd'hui vice-présidente du Sénat.

Dans le passé, d'autres parlementaires Cinq Etoiles ont soutenu au-delà des complots supposés autour du 11 Septembre, des Illuminati ou du groupe de Bilderberg, l'existence des «sirènes» ou encore l'implantation par l'administration Obama de puces sous la peau des Américains pour mieux les controler. Au cours des derniers mois, plusieurs élus, parmi les plus imaginatifs, ont été écartés des postes de responsabilité mais la méfiance envers la science demeure car celle-ci est régulièrement soupçonnée d'être exclusivement au service des grandes multinaltionales.

Pendant des années, Beppe Grillo et ses partisans ont par exemple défendu la «méthode Stamina» présentée comme une alternative aux thérapies traditionnelles contre les maladies neurodégénratives avant que son fondateur Davide Vannoni ne soit arrêté et reconnu comme charlatan. De son côté, la nouvelle ministre (M5S) pour le Sud, Barbara Lezzi s'oppose à l'éradication d'oliviers préconisée par les principaux experts agronomes pour créer une barrière sanitaire et empêcher la diffusion de la bactérie xylella dans tous les oliviers des Pouilles : «Nous devrons protéger nos arbres […] avec nos corps.»

Dans la nouvelle majorité, la vaccination obligatoire des enfants est aussi l'objet de fortes critiques car au bénéfice exclusif de l'industrie pharmaceutique. «Dix vaccins obligatoires, c'est inutile et dans certains cas dangereux si ce n'est nuisible», a récemment lancé le vice-premier ministre d'extrême-droite Matteo Salvini obligeant la ministre (M5S) de la Santé Giulia Grillo à intervenir : «Les vaccins sont un élément de prévention fondamental.» «Ils vous protègent vous, vos enfants et vos électeurs», a pour sa part durement répliqué le professeur Roberto Burioni à l'adresse de Matteo Salvini. Lequel prétend que les Italiens n'ont pas besoin de tous les vaccins, mais que «les migrants apportent des maladies infectieuses».