Dans le rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), paru mardi, il est rappelé que l'on peut trouver de l'huile de palme dans les shampoings, savons, dentifrices, céréales de petit-déjeuner, bonbons, biscuits, déodorants, produits vaisselle et de nettoyage… Mais boycotter cet ingrédient sous toutes ses formes serait contre-productif. C'est la conclusion de l'étude publiée par ce regroupement mondial de gouvernements et d'organisations de la société civile dont le but était d'évaluer l'impact sur la biodiversité de la production de cette huile, utilisée en France principalement dans les agrocarburants (diesel). «Les usages de l'huile de palme sont tellement étendus que si on voulait s'en passer, il faudrait la remplacer par un produit autant, voire plus dévastateur pour l'environnement, explique Erik Meijaard, président du groupe de travail de l'UICN sur les palmiers à huile. C'est un arbre très productif qui demande moins de terres pour engendrer un même volume d'huile que des substituts comme le colza et le soja.»
Cette culture a tout de même un impact direct majeur sur la biodiversité. Des habitats naturels disparaissent sous l'effet du déboisement et des feux précédant les cultures de palmiers à huile. Autres effets indirects, «les émissions de gaz à effet de serre liées au défrichage et au drainage des tourbières, les pollutions atmosphériques régionales résultant du brûlage lors du défrichement, la baisse de la qualité de l'eau en aval des plantations et de la diversité des espèces d'eau douce, les espèces envahissantes associées au palmier à huile, les effets d'invasions de nuisibles et les impacts secondaires de la chasse», décrit l'étude.
Pour Erik Meijaard, «il faut améliorer globalement les pratiques de culture pour que les prises de décision se fassent dans le respect de l'environnement. […] Le système de certification durable, qui n'est pas encore optimal, peut aider à répandre de bons usages». Les 25 et 26 juin est justement organisé, à Paris, la table ronde annuelle sur la certification durable de l'huile de palme (RSPO), la plus utilisée dans le monde (notamment pour l'approvisionnement de la bioraffinerie Total de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, récemment autorisée à opérer par le gouvernement). Mais à ce jour, aucune différence importante n'a été trouvée entre les plantations certifiées et non certifiées. Pour pallier ces manquements, de fortes attentes portent sur le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui doit présenter, début juillet, une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée.