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Libération
Amérique latine

Trois candidats aux élections mexicaines

publié le 28 juin 2018 à 20h36

Jaime Rodríguez Calderón, la brute

Niché sur son cheval noir avec son chapeau de cow-boy sur la tête, Jaime Rodríguez Calderón alias «El Bronco» est le premier candidat indépendant à l'élection présidentielle. Pendant trente ans, il a appartenu à la classe politique qu'il fustige aujourd'hui. Ancien membre du PRI, il quitte le parti en 2014 au moment où on lui refuse la candidature pour le poste de gouverneur de l'Etat du Nuevo León. Il fonde alors le parti Indépendant et remporte l'élection face à ses anciens camarades. Paysan et fier de l'être, El Bronco a fait de la lutte contre le crime organisé son mantra. Lorsqu'il était maire de Villa Garcia, une ville de 150 000 habitants, il a été la cible d'attaques violentes de Los Zetas, le cartel le plus dangereux du Mexique. Deux tentatives d'assassinat pour avoir, selon lui, coupé les routes du narcotrafic et licencié des policiers corrompus. Pour ses adversaires, le récit de ces attentats fait partie de la légende Bronco. En avril, il a déclaré : «Nous devons couper les mains des voleurs. C'est aussi simple que ça.» Calderón souhaite le retour de la peine de mort pour les trafiquants, les tueurs d'enfants et les serial-killers.

Ricardo Anaya, candidat antisystème

A 39 ans, Ricardo Anaya a déjà fait l'histoire. Il est le plus jeune candidat de l'ère moderne du Mexique à être encore en course dans une élection présidentielle. Selon lui, il est même le seul capable de battre López Obrador. Né dans une banlieue cossue du Mexique, fils d'une architecte et d'un ingénieur, Anaya a commencé la politique dès l'âge de 18 ans. Antisystème et issu du parti conservateur PAN, Anaya est aussi le chef d'une alliance droite-gauche baptisée «le Mexique en avant». Il a concentré ses attaques sur le PRI et le président sortant, tandis qu'il est lui-même soupçonné d'enrichissement illicite. Certains élus du PAN refusent de le soutenir et lui reprochent de se comporter de façon despotique. En février 2017, lors d'une conférence donnée à l'Université George-Washington, il a rejeté ouvertement l'idée de Donald Trump de construire un mur à la frontière entre les deux pays, «un projet insultant et inacceptable». Ricardo Anaya avait même rencontré la chancelière allemande, Angela Merkel, pour évoquer la situation internationale au lendemain de l'élection de Donald Trump.

José Antonio Meade, le Macron mexicain ?

Soutenu par Enrique Peña Nieto, le président sortant dont il était jusqu'alors le ministre des Finances et du Crédit public, José Antonio Meade est présenté comme le «Macron mexicain». Soutenu par le monde des affaires et issu de la société civile, il n'a jamais milité dans un parti. Ancien de la Banque du Mexique, ce docteur en économie de 49 ans incarne un courant néolibéral et représente la continuité de la politique prônée par Peña Nieto. Contrairement aux autres candidats qui sillonnent le pays à bord de SUV blindés, le candidat préfère conduire sa propre Honda et distiller l'image d'un citoyen normal pour se démarquer de l'administration décriée de Peña Nieto. En février, Meade a proposé la création d'un registre national des nécessités de chaque personne. «Une proposition qui pourrait être le titre d'un sketch des Monty Python», selon le réalisateur Alfonso Cuarón. Investi par le PRI, José Antonio Meade refuse pour autant d'être membre du parti afin d'éviter d'être associé aux affaires de corruption. Il est en troisième position dans les sondages.