L'appel à «exécuter les membres de l'Etat islamique emprisonnés et condamnés» est venu d'abord de la rue. Dans la ville de Nasiriyah, dans le sud du pays, des manifestants appuyés par les milices chiites du Hachd («mobilisation populaire») ont réclamé la tête des jihadistes qui venaient de tuer huit membres des forces de l'ordre. Ils avaient été pris dans une embuscade tendue par un commando de l'Etat islamique sur la route entre Bagdad et Kirkouk. Six d'entre eux étaient apparus ligotés dans une vidéo diffusée par l'agence Aamaq de l'EI. La centrale jihadiste menaçait de les exécuter, réclamant des autorités irakiennes la libération de toutes les femmes de jihadistes détenues dans les prisons de Bagdad.
Pour calmer la colère populaire, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a ordonné l'exécution immédiate des terroristes condamnés à mort et qui ont épuisé tous les recours juridiques. Treize des quelque 300 jihadistes dans ce cas, retenus dans les prisons irakiennes, ont donc été pendus. D'autres exécutions pourraient suivre dans les jours qui viennent. Car «garder ces criminels emprisonnés sans appliquer la juste peine prévue donne l'occasion de voir se reproduire des crimes inhumains», a déclaré le vice-président irakien, Humam Hamoudi.
En pleine négociation avec le mouvement chiite de Moqtada al-Sadr, arrivé en tête des élections de début mai, pour la formation d'un nouveau gouvernement, Haider al-Abadi veut montrer sa fermeté. Il avait déclaré en décembre «la victoire finale» des forces irakiennes contre l'Etat islamique. Mais on assiste depuis plusieurs semaines à une recrudescence des attaques, enlèvements et embuscades menés et revendiqués par les jihadistes dans plusieurs poches où ils restent implantés.