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Libération

Macron reçoit l’ami qatari

publié le 5 juillet 2018 à 20h46

Dix minutes d'entretien en tête à tête suivi par un déjeuner de travail de quarante-cinq minutes puis une brève conférence de presse conjointe : cette troisième rencontre entre l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, et Emmanuel Macron devrait essentiellement être l'occasion d'une réaffirmation des bonnes relations. «Pas de grande annonce à attendre», confirme-t-on dans l'entourage du prince en rappelant les gros lots remportés par la France en décembre. Des contrats de plus de 11 milliards de dollars (9,4 milliards d'euros) avaient en effet été signés lors de la visite du chef de l'Etat français à Doha. Une commande de 12 Rafale pour compléter les 24 acquis en 2015, des centaines de blindés ainsi que la construction d'un métro confiée à un consortium SNCF-RATP.

Le Qatar est le troisième client de la France dans le Golfe après l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis; la France est parallèlement la quatrième destination des investissements qataris à l’étranger, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis, avec près de 25 milliards d’euros estimés en 2016.

Des accords de coopération militaire datant des années 90 lient la France et le Qatar, qui ont développé plus récemment une collaboration étroite sur la lutte antiterroriste. Une manière pour l'émirat de redorer son blason. Car la rupture brutale décrétée le 5 juin 2017 par l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), Bahreïn et l'Egypte avec Doha a été justifiée par des accusations de soutien au terrorisme. Depuis plus d'un an, le Qatar mobilise ses efforts diplomatiques et ses moyens financiers substantiels pour défendre sa réputation. «Finalement, cette crise a eu des retombées positives, affirme même un proche du prince l'accompagnant à Paris. Nous avons diversifié nos importations de produits alimentaires et médicaux suite à la fermeture de notre frontière avec l'Arabie Saoudite, d'où provenaient par exemple tous nos produits laitiers en raison des accords commerciaux régionaux. Ces nouveaux échanges commerciaux nous ont permis de développer des relations diplomatiques avec des pays comme l'Inde, l'Azerbaïdjan ou l'Australie.»

Dans le même temps, le Qatar a continué de vendre son gaz aux EAU, malgré les relations exécrables entre ces deux voisins. Face à l’agressivité du turbulent saoudien Mohamed ben Salmane (MBS) ou de Mohamed ben Zayed, homme fort des EAU, le Prince Tamim du Qatar oppose une retenue toute britannique. Ce diplômé de l’Académie royale militaire de Sandhurst au Royaume-Uni veut se présenter en leader responsable. Mais sous son apparence moderniste, le cheikh reste très conservateur, poursuivant la ligne de l’islam wahhabite qui prévaut au Qatar.