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Brexit Stories

Au Royaume-Uni, le Brexit délie la langue

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La future sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne a donné naissance à une nouvelle langue, la Brexitlangue.
John Longworth, businessman partisan du «Leave», devant le Brexit bus, en mai 2016. (Photo Paul Ellis. AFP)
publié le 6 juillet 2018 à 11h21

Deux ans déjà que 51,9% des Britanniques ont choisi, au cours d'un référendum, de quitter l'Union européenne. Depuis, de difficiles négociations entre la Commission européenne, qui représente les Vingt-Sept membres de l'UE, et le gouvernement britannique s'étirent, encore et encore. A neuf mois de la sortie officielle de l'UE, le 29 mars 2019, tout accord sur les modalités de cette sortie et sur la suite de la relation entre l'UE et le Royaume-Uni reste en suspens. Mais pendant que les négociateurs européens s'arrachent les cheveux de désespoir et que les ministres britanniques s'écharpent en public, un tout nouveau vocabulaire est né autour du Brexit. Il s'emploie pour parler du Brexit évidemment – Michel Barnier, le négociateur européen, en est un fervent utilisateur – mais de plus en plus aussi dans les conversations courantes de la vie de tous les jours. Petit lexique pour pratiquer pendant l'été.

Brexit. Ce mot est le résultat de la contraction entre Britain et exit, «sortie». Depuis, certains s'amusent à le décliner avec plus ou moins de bonheur pour la prononciation, pour la Grèce («Grexit»), la France («Frexit»), l'Italie («Italexit») ou l'Allemagne («Deutschxit»).

Brexit bus. Le bus du Brexit fait référence à un autobus de la campagne du Leave, en faveur de la sortie de l'Union européenne, qui s'est baladé dans le pays avant le vote avec inscrit sur ses côtés un énorme «Nous envoyons 350 millions de livres à l'UE par semaine. Finançons plutôt le NHS [le service de santé, ndlr], votez Leave». Cette affirmation s'est avérée un gros mensonge de la campagne, ce que même les plus ardents europhobes ont reconnu.

Brexiters ou Brexiteers. Les partisans de la sortie de l'UE.

Brexodus (à ne pas confondre avec le Brexit bus). Une contraction entre Brexit et exodus («exode») qui se réfère aux individus ou entreprises qui décident de quitter le Royaume-Uni à cause du Brexit. Et il y en a.

DExEU (à prononcer Déxiou). Il s'agit de l'abréviation du Department for Exiting the European Union, en gros le ministère du Brexit.

Cherry picking. Littéralement, ramasser des cerises, mais cette expression s'applique à la tendance britannique, dans ses négociations, à choisir ce qu'elle aime de l'UE pour le garder et à rejeter ce qu'elle n'aime pas (les noyaux, quoi).

Have your cake and eat it. Qu'on traduirait en français par «vouloir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière», ou plus si affinités. L'expression a été employée la première fois par le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, pour exprimer sa confiance absolue dans la capacité du Royaume-Uni à obtenir absolument tout ce qu'il souhaite des négociations.

Cliff edge. Le bord de la falaise se réfère à une sortie de l'UE sans aucun accord sur la relation future. La notion d'abîme est employée parce que, dans ce cas, la situation risque d'être franchement bordélique.