Menu
Libération

La Tunisie rattrapée par le terrorisme

publié le 8 juillet 2018 à 20h46

La Tunisie a connu, dimanche, sa plus importante attaque terroriste depuis plus de deux ans. Au moins six membres de la Garde nationale, en charge notamment de la lutte contre le terrorisme, sont morts à Ghardimaou, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec l'Algérie. Les victimes patrouillaient à bord de deux véhicules tout terrain quand une mine antichar a explosé à leur passage. Les autorités n'ont, pour l'heure, pas précisé l'identité des auteurs de l'attaque qualifiée de «terroriste».

La zone faisait l'objet d'une intense surveillance depuis plusieurs mois. Le camping voisin de Aïn Soltane a longtemps été fermé avant de rouvrir ce printemps mais avec des horaires aménagés. Selon le journal algérien Al-Bilad daté du 12 juin, les services de renseignements algériens et tunisiens craignaient des attaques prochaines dans la région après le recensement d'une centaine de combattants massés à la frontière. Deux groupes terroristes répertoriés sont installés dans les monts qui séparent la Tunisie et l'Algérie : la Katiba Uqba Ibn Nafi, affiliée à Al-Qaeda au Maghreb islamique, et les Soldats du Califat en Tunisie, liés à l'Etat islamique.

Malgré ces alertes, les autorités tunisiennes semblent avoir été prises de cours. L’agence de presse nationale a évoqué des échanges de tirs entre assaillants et force de l’ordre après l’explosion de la mine antichar, ce qu’a réfuté le porte-parole de la Garde nationale, Houcemeddine Jebabli. Des hélicoptères ont cependant bien été déployés après l’assaut pour survoler le relief escarpé de la région.

La Tunisie n’avait plus connu d’attaque aussi meurtrière depuis le 7 mars 2016 quand des militants de l’EI, en provenance de Libye, ont attaqué la ville frontière de Ben Guerdane, faisant treize morts et quatorze blessés. Après les attentats du Bardo (21 touristes morts) et de Sousse (38 touristes morts) en 2015, la Tunisie avait décidé d’ériger un ensemble d’obstacles d’eau et de monticules de sable à la frontière avec la Libye, où un grand nombre de terroristes tunisiens s’étaient réfugiés.

La menace est finalement arrivée du nord-ouest. «La situation présente [absence d'attaques, ndlr] ne doit pas être considérée comme une victoire sur les militants [terroristes], mais comme un calme précaire», écrivait fin juin le chercheur Matt Herbert dans un rapport pour le think tank Carnegie. L'attentat intervient alors que le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, a été remercié le 6 juin pour des raisons d'équilibre politique. Il survient également au début d'une saison touristique qui s'annonçait comme la plus réussie depuis 2015.