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Libération
Droits fondamentaux

Etats-Unis : Donald Trump nomme Brett Kavanaugh, un juge conservateur, à la Cour suprême

La nomination lundi soir depuis la Maison Blanche de ce catholique conservateur de 53 ans ancre la plus haute juridiction américaine dans le conservatisme. Une pièce maîtresse pour le président américain sur l’échiquier de la vie sociétale américaine.
Le juge Brett Kavanaugh serre la main du président américain Donald Trump après l'annonce de sa nomination à la Cour suprême depuis la Maison Blanche, le 9 juillet 2018, à Washington DC. Photo Saul Loeb (AFP)
publié le 10 juillet 2018 à 6h51

Donald Trump a enfin tiré un nom de son chapeau : Brett Kavanaugh, catholique conservateur de 53 ans, a été nommé, dans la nuit de lundi à mardi, pour devenir le neuvième juge de la Cour suprême des Etats-Unis, plus haute juridiction chargée de défendre les droits fondamentaux des Américains. Une nomination cruciale attendue avec tension, depuis l'annonce du départ à la retraite du juge Anthony Kennedy, le 27 juin. «Personne n'est mieux qualifié pour ce poste et personne ne le mérite autant», a affirmé Donald Trump à la Maison Blanche, précisant que Brett Kavanaugh avait des «références impeccables».

Pièce maîtresse

«Outre les décisions de guerre, nommer un juge à la Cour Suprême est la plus importante décision que peut prendre un président des Etats-Unis», a précisé Donald Trump lundi soir, au terme d'un suspense de plusieurs jours qu'il a savamment entretenu. Il faut dire que le président américain, qui a déjà nommé Neil Gorsuch, 50 ans, à la Cour suprême en avril 2017, savoure son moment. Pour la seconde fois depuis le début de son mandat, il a l'opportunité d'installer un jeune juge ultraconservateur au sommet de l'instance judiciaire fédérale, ce qui équivaut à positionner, pour de longues années, une pièce maîtresse sur l'échiquier de la vie sociétale américaine.

Aux Etats-Unis, le pouvoir des juges de la Cour suprême, interprètes de la Constitution américaine, est colossal. Nommés à vie, ils ne peuvent perdre leur poste uniquement s’ils sont destitués - cas de figure qui ne s’est jamais produit depuis la création de la juridiction en 1789. Le Sénat, à majorité républicaine, doit encore approuver le choix de Donald Trump. En cas de validation, la juridiction se verrait ainsi doter de quatre juges progressistes contre cinq conservateurs. De quoi l’emporter sur des sujets comme la restriction du droit à l’avortement, le port des armes à feu, l’immigration, ou encore le plafonnement des financements électoraux.

Farouchement conservateur

Contrairement à son prédécesseur Anthony Kennedy qui faisait davantage office de «magistrat-pivot», Brett Kavanaugh devrait défendre des décisions farouchement conservatrices sur tous les sujets. L'ex-conseiller juridique du président George W. Bush, qui a participé à une enquête visant Bill Clinton dans les années 1990, s'est par le passé prononcé contre des mesures visant à la réduction de la pollution de l'air. Récemment, il s'est opposé à ce qu'une adolescente entrée clandestinement aux Etats-Unis puisse avorter. «Il est très très conservateur, il restera fidèle à l'administration Trump dans ses positions, estime Anil Kalhan, professeur de droit à l'université Drexel. Il va clairement influencer à droite l'idéologie de la Cour suprême.»

Autre détail qui n’a pas dû laisser insensible le président Trump dans le choix de son candidat : Brett Kavanaugh avait affirmé en 2009 qu’un président en exercice ne devrait pas faire l’objet de poursuites judiciaires. Une position qu’il aura loisir de développer si jamais l’affaire de l’ingérence russe présumée lors de la campagne présidentielle de 2016 se fraye un jour un chemin jusque dans les arcanes de la Cour Suprême.