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Libération

En Chine, des vaccins falsifiés scandalisent les parents

publié le 24 juillet 2018 à 20h46

Ils sont des milliers de Chinois à avoir exprimé leur colère sur Weibo, principal réseau social local, et exigé des sanctions exemplaires contre les dirigeants de Changchun Changsheng, compagnie pharmaceutique, dont l’action a chuté de plus de 40 % depuis le début du scandale ce week-end.

Le 15 juillet, le deuxième producteur de vaccins du pays est accusé d’avoir violé le protocole de fabrication de plus de 100 000 vaccins contre la rage. L’autorité chinoise de régulation des aliments et des médicaments a par ailleurs découvert que l’entreprise avait aussi commercialisé 252 000 vaccins falsifiés contre le DPT (diphtérie, coqueluche, tétanos).

Une enquête lancée par les autorités locales de la province du Jilin a entraîné l'arrestation de cinq dirigeants de Changsheng. Malgré le retrait des lots incriminés et les excuses publiques de la société, le mécontentement de la population n'a cessé de s'intensifier. De quoi provoquer la réaction du président chinois, qui s'est exprimé depuis le Sénégal où il se trouvait en visite d'Etat. Xi Jinping a ainsi qualifié les infractions commises par l'entreprise d'«épouvantables». Même discours du côté du Premier ministre chinois, Li Keqiang, qui a exigé la tolérance zéro envers les coupables, avant de déplorer que l'affaire ait «brisé la confiance des gens».

Cette perte de confiance ne date pas d’hier, tant les Chinois semblent désabusés par les nombreux scandales alimentaires et sanitaires qui font la une des journaux. En novembre, une entreprise du Wuhan avait elle aussi commercialisé des vaccins falsifiés contre le DPT. En 2013, sept nourrissons avaient trouvé la mort après avoir été vaccinés contre l’hépatite B. Et à l’été 2008, la commercialisation de lait maternel contenant de hautes substances de mélamine avait contaminé 200 000 nourrissons.

Liu Tang, elle, n'a jamais vraiment eu confiance dans le système de santé chinois. Grand-mère d'un nourrisson de 18 mois dont elle s'occupe quotidiennement, elle privilégie les vaccins fabriqués à l'étranger, «même s'ils ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale». La santé du bébé n'a pas de prix : «Si les vaccins chinois ne sont pas sûrs à 100 %, il me semble normal de payer pour assurer la santé de mon petit-fils», affirme-t-elle.