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Libération

Juncker-Trump : un accord pour mettre fin à la guerre de l’acier

publié le 26 juillet 2018 à 20h06

Il y a dix jours, Donald Trump qualifiait l'UE d'«ennemie», l'accusant de «profiter» des Etats-Unis d'un «point de vue commercial». Mardi dans le Missouri, il enfonçait le clou : «Ce que nous fait l'UE est incroyable. Ils ont l'air gentils, mais ils sont durs.» Mercredi à la Maison Blanche, lors d'une conférence de presse avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le ton a été tout autre. Les deux hommes ont annoncé être parvenus à un accord, désamorçant plusieurs semaines de conflit commercial, qui s'est traduit par des taxes douanières punitives des deux côtés de l'Atlantique.

«Nous sommes réunis ici pour lancer une nouvelle phase dans les relations entre les Etats-Unis et l'UE, a affirmé Trump après s'être entretenu avec Juncker pendant plus de deux heures. Une phase d'étroite amitié, de solides relations commerciales dans lesquelles nous serons tous les deux gagnants, avec un meilleur travail commun pour la sécurité et la prospérité mondiales, et un combat conjoint contre le terrorisme.»

Parlant d'un «grand jour» pour le libre-échange, Trump a annoncé leur ambition d'aller vers «zéro tarifs douaniers» dans leurs échanges industriels. Il s'est aussi engagé à revoir les tarifs américains imposés fin juin sur l'acier et l'aluminium européen, qui avaient provoqué l'escalade. Les Etats-Unis et l'UE représentent «50 % du PIB mondial, a rappelé Trump. Si nous faisons équipe, nous pouvons faire de la planète un endroit meilleur.» Une série de décisions peu détaillées portant sur l'industrie, l'énergie et l'agriculture ont aussi été annoncées.

Après avoir accordé, mardi, une aide d'urgence de 12 milliards de dollars (10,24 milliards d'euros) aux agriculteurs américains, touchés par les représailles de l'UE, Trump a une nouvelle fois voulu rassurer cette partie de l'électorat traditionnellement républicain, à moins de quatre mois des élections de mi-mandat. L'UE va «presque immédiatement» acheter «beaucoup de soja» aux Américains, a-t-il promis. «Ce sera fait», a confirmé Juncker.

De son côté, le président de la Commission avait surtout en tête le sort des voitures européennes, dossier sensible en Allemagne. Trump avait en effet menacé d'imposer des «droits de douane sur les voitures qui inondent le marché américain». Selon une source européenne interrogée après la rencontre Trump-Juncker, aucun nouveau frais de douane ne sera imposé par les Etats-Unis.

En guise d'avertissement avant l'entretien, la commissaire européenne au commerce avait évoqué dans la presse «une longue liste de produits américains» qui pourraient être visés par des mesures de rétorsion douanières, pour un montant de 20 milliards de dollars. En juin, l'UE avait déjà imposé des taxes supplémentaires sur une liste de produits américains, allant du jus d'orange au beurre de cacahuète en passant par le tabac ou les motos.

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