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L'ado palestienne Ahed Tamimi libérée

La vidéo où on la voyait gifler deux soldats israéliens a fait d’elle une icône pour les Palestiniens. Incarcérée pour cet incident depuis huit mois, la jeune palestinienne a quitté sa prison, retrouvé sa famille et s'est rendue sur la tombe de Yasser Arafat.
La jeune militante Ahed Tamimi, au centre, arrivant sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat le 29 juillet 2018, juste après sa libération. (Photo Abbas Momani. AFP)
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publié le 29 juillet 2018 à 7h40
(mis à jour le 29 juillet 2018 à 11h24)

Ahed Tamimi a été libérée. Cette adolescente palestinienne a passé huit mois en prison pour avoir giflé deux soldats israéliens, un épisode qui avait fait d’elle une icône pour les Palestiniens.

À l’époque âgée de 16 ans, Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur internet. Les images la montraient en train de s’approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh, un village du territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.

Issue d’une famille connue pour sa lutte contre l’occupation israélienne, elle avait déjà été impliquée dans une série d’incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde. Les Palestiniens louent en Ahed Tamimi un exemple de courage face aux abus israéliens dans les territoires palestiniens occupés. Nombre d’Israéliens considèrent pour leur part qu’elle est un exemple de la façon dont les Palestiniens encouragent leurs enfants à la haine.

Le procès de l'adolescente devant un tribunal militaire a bénéficié d'une importante couverture médiatique. Le président Mahmoud Abbas a salué personnellement son courage. «Il y a eu cette image symbolique d'une enfant se confrontant à un soldat israélien hyper-armé juste devant sa maison. Et le fait qu'elle ait été condamnée à une si lourde peine a suscité l'attention», explique à Yara Hawari, une militante palestinienne amie de la famille Tamimi. L'adolescente s'est vu infliger une peine presque aussi lourde – huit mois de prison – que le soldat israélien Elor Azaria condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé qui ne posait plus aucun danger.

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, l’affaire Tamimi a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation très élevé -99%- de Palestiniens. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux de l’armée.

«La résistance continue»

La libération d'Ahed Tamimi a été annoncée par le porte-parole de la prison israélienne où elle était détenue a annoncé qu'Ahed Tamimi, et sa mère, également incarcérée à la suite de l'incident, ont été transférées par les autorités israéliennes jusqu'à un point de contrôle menant à la Cisjordanie, où toutes deux résident. Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu'à leur village de Nabi Saleh. En larmes, l'adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l'accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade. Puis, le père, Bassem, encadré de sa fille et de son épouse, les a accompagnées jusqu'à la maison familiale, sous les cris de la foule scandant : «Nous voulons vivre libres !» Face à un mur de caméras, les épaules recouvertes d'un keffieh, châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi a adressé des remerciements à la foule venue l'accueillir. «La résistance continue jusqu'à ce que l'occupation prenne fin», a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens.

L’adolescente a rendu visite à des proches qui ont perdu l’un des leurs, tué en juin dernier lors d’affrontements avec des soldats israéliens. Elle a ensuite déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat, à Ramallah et s’est rendue au siège de l’Autorité palestinienne, sans qu’il soit confirmé si une rencontre avec le président palestinien aurait lieu. Elle donnera une conférence de presse dans l’après-midi.

Les autorités israéliennes ont tenu à limiter la médiatisation autour de la libération de Ahed Tamimi et sa mère, notamment en diffusant des informations contradictoires sur l’endroit par lequel elles étaient censées rentrer en Cisjordanie occupée.Samedi, deux Italiens et un Palestinien ont été arrêtés après avoir peint le visage désormais célèbre de l’adolescente aux longues boucles blondes sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée.