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Billet

MH370, un rapport détaillé qui ne dit rien

MH370, deux ans de mystèredossier
Les enquêteurs assurent que l'avion a probablement été détourné intentionnellement, mais que rien n'indique que les pilotes soient responsables.
Le 23 février 2016, dans les environs de Kuala Lumpur, la capitale malaisienne. Le MH370 a disparu le 8 mars 2014. (Photo Joshua Paul. AP)
publié le 30 juillet 2018 à 17h52

Rien. Un avion délibérément détourné, mais des pilotes et des passagers au-dessus de tout soupçon. Pas d’indice de défaillance technique, et aucune trace de prise de contrôle de l’appareil à distance. Même la piste d’une fumée toxique créée par la présence dans la soute de fruits exotiques et de batteries au lithium a été écartée. A la lecture des conclusions du dernier rapport publié ce lundi sur la disparition du vol MH370, on se sent comme une mouche coincée dans un verre, se cognant sans fin contre le plus grand mystère de l’aéronautique.

Le 8 mars 2014, un Boeing 777 de la Malaysia Airlines, monstre volant bourré d'électronique, s'est volatilisé avec 239 personnes à bord. Dans un rapport de 449 pages résumant quatre ans et quatre mois de recherches, les enquêteurs détaillent le demi-tour intentionnel une heure après le décollage de Kuala Lumpur, les défaillances de la surveillance aérienne malaisienne, la coupure volontaire des systèmes de communication, le cap mis finalement plein sud au-dessus de l'océan Indien, les «ping» envoyés automatiquement durant six heures avant le silence total. Puis, les débris retrouvés au large de l'Afrique (trois ont été formellement identifiés), l'abandon des opérations internationales de recherche et l'échec de l'expédition privée lancée cet hiver.

L’incompétence est-elle forcément criminelle?

Ces informations, on les connaissait déjà. Et les familles des disparus ont laissé exploser leur déception et leur colère. Mais l'absence de preuves prouve-t-elle que la vérité est cachée? Certes, des militaires protègent des secrets-défense ou des secrets constructeurs. Mais les radars ne portent pas loin des côtes, et les satellites n'ayant aucune raison de photographier l'immensité de l'océan, leurs renseignements seraient-ils utiles? L'enquête a terriblement cafouillé au début, mais l'incompétence est-elle forcément criminelle? «Nous avons étudié et écarté soixante scénarios les uns après les autres», assure le patron des enquêteurs. Le rapport avait été annoncé comme «final», le mot n'apparaît pas dans le titre. D'autres recherches seront envisagées si de nouveaux indices apparaissent. Seule la découverte de l'épave et de la boîte noire libérerait les familles du poids de l'incertitude et du soupçon.