Les bonnes nouvelles ne sont pas légion, par les temps qui courent, au sein du groupe Air France-KLM. Le transporteur n'a toujours pas trouvé de PDG, trois mois après la démission de Jean-Marc Janaillac qui officiait jusqu'au 4 mai. Une grève de quinze jours lui a coûté 350 millions d'euros pour le seul premier semestre 2018. Enfin, le conflit salarial à l'origine de ce mouvement social n'est toujours pas réglé. L'une des rares bonnes nouvelles, dans cet horizon plombé, est le résultat de la filiale low-cost Transavia : pas d'arrêts de travail qui s'annoncent comme chez Ryanair (lire ci-contre) et des performances économiques positives. Cette compagnie, qui opère à partir de la France et des Pays-Bas avec 73 Boeing 737, affiche au premier semestre 2018 des chiffres uniquement en progression. Le nombre de passagers transportés a augmenté de 7,4 % et le chiffre d'affaires de 13,7 %, pour atteindre 688 millions d'euros. Enfin, Transavia commence à afficher un bénéfice d'exploitation alors que la compagnie a, durant plusieurs années, enregistré des pertes, notamment à partir des vols au départ de la France.
Le transporteur low-cost fonctionne en effet de manière un peu singulière. Il y a, en réalité, non pas une mais deux compagnies Transavia. La première est d’essence néerlandaise, comme KLM. La seconde, au développement plus récent, est établie en France et fonctionne selon la législation nationale. Ses premiers gains s’expliquent par le fait que ses coûts de production sont moins élevés que sa grande cousine Air France. A bord, les hôtesses et stewards sont moins bien payés et volent plus longtemps chaque mois. En outre, comme la plupart des compagnies low-cost, Transavia commercialise ses billets uniquement en ligne, ce qui lui évite d’avoir à financer des points de vente en dur. Enfin, en région parisienne, la compagnie décolle uniquement à partir de l’aéroport d’Orly, moins éloigné que celui de Roissy, ce qui, ajouté à des prix très compétitifs, séduit bon nombre de voyageurs.
Forte de ses résultats encourageants, Transavia (et notamment sa partie française) risque d’être rapidement confronté à une crise de croissance. La demande en constante augmentation pour ce type de vols impose d’acquérir de nouveaux avions afin de proposer de nouvelles destinations ou d’augmenter les fréquences sur celles qui sont les plus demandées. En outre, les compagnies du même type, en Europe, affichent toutes des flottes de plus de 100 appareils. Mais il se trouve que les pilotes d’Air France ont un droit de regard sur le développement de Transavia France. En clair, leur accord est nécessaire dès lors que le cap de 40 avions sera franchi. Or, la compagnie en compte déjà 33 en France. Il faudra donc bientôt rouvrir des négociations à ce sujet. Jusqu’à présent, les pilotes d’Air France ont obtenu que les salaires pratiqués chez Transavia soient les mêmes que les leurs. Le futur PDG d’Air France-KLM qui, au nom de la compétitivité de Transavia, se risquerait à remettre en cause cette parité financière se heurterait à de sérieuses turbulences sociales.