C’est l’histoire d’un petit garçon de neuf ans, Mazen. Arrivé de Syrie en 2015 avec sa famille, fuyant les bombes d’Idleb, il vivait à Schönberg, une petite ville d’environ 4 000 habitants du nord de l’Allemagne. Le 20 juin, un tracteur le heurte accidentellement dans la rue. Hospitalisé, Mazen meurt trois jours plus tard.
Le matin du 8 juillet, une peinture représentant une croix gammée est découverte sur les lieux de l'accident. Elle est rapidement ôtée par les autorités. Mais dans la soirée du 28 juillet, la police signale une deuxième croix gammée, accompagnée de la glaçante inscription : «1.0». «Nous pensons qu'il y a un lien entre la mort du garçon et les graffitis», a indiqué la porte-parole de la police.
Nostalgique de l’époque hitlérienne
«Qu'avons nous donc fait pour qu'une croix gammée soit peinte ?» s'est horrifiée la mère de Mazen au tabloïd Bild. Le père du garçon ajoutant : «Cela veut dire qu'ils haïssent les réfugiés».
Car il est de notoriété publique que des néonazis vivent à quarante kilomètres de Schönberg, dans le tristement célèbre hameau de Jamel. Surnommé «le village nazi» ou «le bourg à problèmes», c'est une sorte de village témoin nostalgique de l'époque hitlérienne. On y trouve notamment d'ardentes fresques murales nationales-socialistes, ainsi que des drapeaux noir-blanc-rouge du IIIe Reich – le drapeau allemand moderne étant noir, rouge et or. Les quelques habitants de Jamel qui n'étaient pas d'obédience nationale-socialiste ont été progressivement chassés, les opposants aux nazis ont vu leurs maisons incendiées. «Ces gens sont en permanence prêts à tout pour exprimer leur pensée racialiste. S'ils avaient une kalachnikov à la main et pouvaient choisir sur qui il faut tirer en premier je serais probablement l'un des premiers», racontait à la presse locale le maire du bourg, Uwe Wandel, qui fait tout pour empêcher les néonazis d'organiser des événements dans les prés communaux.
Fleurs et bougies
Selon un tout récent rapport du ministère fédéral de l'Intérieur, le nombre de néonazis a légèrement augmenté en Allemagne en 2017. On en compte désormais 6 000. Selon la même source, les actes violents d'extrême droite ont légèrement décru, mais cela s'explique, dit le rapport : il existe moins de logements pour demandeurs d'asile qu'auparavant. Or, ceux-ci étaient une cible de choix pour les criminels d'extrême droite.
Signe que le climat qui règne ces temps-ci en Allemagne n'est pas des plus sereins, le journal local Schweriner Volkszeitung a dû désactiver les commentaires sous les articles relatant l'histoire de Mazen.
Sur les lieux de l’accident, des enfants du village de Schönberg ont recouvert les croix gammées de fleurs, de bougies et de dessins en forme de cœur.