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Libération
Nucléaire iranien

L’Iran juge «insensé» des négociations avec Washington à l’ombre des sanctions

Le président iranien Hassan Rohani, isolé et en difficulté, a jugé «insensé» lundi des négociations avec les Etats-Unis qui s’apprêtent dans le même temps à rétablir des sanctions susceptibles d’aggraver les difficultés économiques de son pays.
Trump et l'Iran (Photo Gal ROMA. AFP)
par AFP
publié le 6 août 2018 à 10h55
(mis à jour le 6 août 2018 à 21h24)

Le président iranien Hassan Rohani a jugé «insensé» lundi des négociations avec les Etats-Unis. Dans un entretien télévisé à quelques heures du rétablissement de sévères sanctions américaines contre l'Iran, le président de la République islamique a accusé Washington de «vouloir lancer une guerre psychologique contre la nation iranienne et provoquer des dissensions» parmi les Iraniens. Il s'agit de la première réaction d'Hassan Rohani aux appels à négocier lancés par le président américain Donald Trump, qui a néanmoins de nouveau averti l'Iran lundi.

«Ouvert»

«Le régime iranien est confronté à un choix», a-t-il dit dans un communiqué. «Soit il change son attitude menaçante et déstabilisatrice, et il pourra retourner dans le giron de l'économie mondiale, soit il continue sur la route de l'isolement économique». Mais le président américain a aussi souligné qu'il restait «ouvert» à un «accord plus global qui concernerait l'ensemble de ses activités néfastes, y compris son programme balistique et son soutien au terrorisme». Le rétablissement des sanctions économiques a été décidé après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord historique sur le nucléaire, conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances.

«Si vous êtes un ennemi et que vous poignardez quelqu'un avec un couteau, et qu'ensuite vous dites que vous voulez des négociations, la première chose à faire c'est d'enlever le couteau», a répondu le président iranien. Il a précisé que son pays «avait toujours fait bon accueil à des négociations», mais que les Etats-Unis devaient d'abord prouver leur bonne foi. «Comment peuvent-ils montrer qu'ils sont dignes de confiance ? En revenant au JCPOA», a-t-il indiqué, en référence à l'accord nucléaire.

Des sanctions et des difficultés

Conclu après des années de difficiles négociations entre l’Iran d’une part, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine, l’Allemagne et l’Union européenne de l’autre, l’accord vise à garantir le caractère strictement pacifique du programme nucléaire iranien en le soumettant à une surveillance draconienne. En échange, il prévoyait la levée progressive des sanctions qui avaient asphyxié l’économie iranienne et isolé le pays. Dans son dernier rapport en mai, l’Agence internationale de l’énergie atomique avait attesté que l’Iran continuait de respecter ses engagements.

La première vague de sanctions américaines, qui prend effet mardi, comprendra des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l’aviation commerciale. Elle sera suivie, en novembre, de mesures affectant le secteur pétrolier et gazier ainsi que la Banque centrale. Ces sanctions risquent de lourdement peser sur une économie iranienne à la peine, qui souffre d’un taux de chômage élevé et d’une nette inflation. Le rial iranien a plongé, perdant près des deux tiers de sa valeur en six mois.