Il existe deux idées reçues sur les Allemands à la belle saison : ils préemptent les transats des piscines d’hôtel en les couvrant de leur serviette dès le chant du coq et ils pratiquent le naturisme. Cette dernière activité me paraissant moins petite-bourgeoise que l’autre, j’ai décidé de me jeter à l’eau en enlevant le haut. Et aussi le bas. En France, hors plages réservées et en dépit d’initiatives récentes de type «visiter le Palais de Tokyo tout nu» ou profiter de l’espace dédié aux naturistes au bois de Vincennes, la pratique est plutôt rare. Paris n’est pas Berlin, où il est possible de converser sans tee-shirt dans une soirée en appartement ou dans un club. En pleine canicule berlinoise, une femme arpentait la rue en soutien-gorge et mon corps ruisselant l’a enviée. Se promener nu est autorisé depuis 2014 dans certaines portions de Munich et on peut se baigner ainsi dans bien des lieux en Allemagne, lacs berlinois ou plages de la mer Baltique.
Cela dit, j'ai beau m'intégrer à ma nouvelle vie allemande avec une rapidité surprenante - je porte des Birkenstock et méprise les gens qui ne traversent pas au vert au passage piéton -, la chose m'angoisse un peu. Je charrie des années de culture française et latine comme d'étranges casseroles de pudeur. Lorsque j'ai annoncé autour de moi que j'allais poser nue pour Libérat