Mardi, à l'occasion d'un forum économique où elle prenait la parole, la future ministre de l'Intérieur du Mexique, Olga Sánchez Cordero, a lâché une petite bombe : elle a plaidé pour la dépénalisation de la drogue dans le pays, et lancé l'idée d'une conférence internationale sur le sujet et sur la lutte contre le crime organisé. Elle n'a pas précisé quelles substances étaient concernées.
Olga Sánchez Cordero s'exprimait lors du forum organisé à Mexico par Banorte, une banque dont elle était administratrice jusqu'à début août. Elue sénatrice en juin, elle occupera son siège à la rentrée parlementaire de septembre. Elle deviendra en outre, le 1er décembre, quand le président Andrés Manuel López Obrador entrera en fonction, ministre de l'Intérieur. Ce qui donne du poids à sa déclaration.
«Entre 3 et 8%» de la drogue saisie
Ancienne présidente de la Cour suprême de justice, Olga Sánchez Cordero a affirmé : «Le Mexique ne peut confisquer qu'entre 3 et 8% de la drogue qui circule dans le pays. Ce taux est comparable à celui des Etats-Unis. Il y a aussi les morts que le trafic laisse sur son passage. Au Salvador, par exemple, l'énorme taux d'homicides de 125 tués [par an] pour 100 000 habitants est dû précisément au transport de drogue à destination des Etats-Unis.»
«Nous devons redéfinir notre relation avec les Etats-Unis dans deux domaines : les armes et la demande de drogue, a poursuivi la future ministre. Nous avons des traités avec les Etats-Unis depuis 1970, des traités très rigoureux et répressifs. L'heure est venue, au minimum, de les réinterpréter.» La juriste ajoute : «Nous voulons proposer aux Nations unies une ligne directrice pour parvenir à la dépénalisation de la drogue dans notre pays. Nous pensons aussi à convoquer une conférence internationale.»
Olga Sánchez Cordero est allée plus loin qu'Andrés Manuel López Obrador, qui lors de sa campagne électorale avait évité le sujet. Il avait seulement parlé d’une amnistie pour les personnes emprisonnées pour consommation de drogue. Amnistie qui pourrait être soumise à référendum avant d’être votée au Congrès, quand le nouveau gouvernement de gauche sera opérationnel.