Des saluts hitlériens, des scansions racistes, des violences et une police débordée face à 6 000 manifestants d'extrême droite, lundi soir. «Quiconque pense que la démocratie n'est pas en danger devrait regarder des vidéos de Chemnitz.» Cet éditorial du quotidien souabe Schwäbische Zeitung résume le sentiment général en Allemagne. Sidéré, le pays a vu cette ville de Saxe s'embraser deux soirs consécutifs dimanche et lundi, après la mort d'un homme dans la nuit de samedi à dimanche qui a suivi une «altercation». Deux suspects, un Syrien et un Irakien, ont été arrêtés.
«Le degré de haine, d'agressivité et de mépris a choqué même l'observateur chevronné de Pegida», commentait mardi le quotidien de gauche die Tageszeitung, parlant de «guerre civile». «Lorsque des foules excitées d'extrême droite créent de l'agitation au cœur de l'Allemagne et que l'Etat de droit est dépassé, cela rappelle un peu la situation de la République de Weimar», écrit Der Spiegel. Angela Merkel a condamné ces violences mardi matin : «Nous avons vu des chasses collectives, de la haine dans la rue, et cela n'a rien à voir avec un Etat de droit.» Mais son meilleur ennemi, le ministre de l'Intérieur CSU Horst Seehofer, a attendu mardi midi pour réagir, offrant, au nom du gouvernement fédéral, son aide à la police de Saxe et affirmant qu'il ne devait «y avoir aucune place pour cela dans notre Etat de droit». A gauche, beaucoup accusent Seehofer, figure de proue d'une politique migratoire durement anti-réfugiés, d'avoir soufflé sur les braises. «La foule raciste de Chemnitz n'est pas tombée du ciel», a ainsi commenté la porte-parole de Die Linke au Bundestag, Ulla Jelpke, dans Die Zeit.
Selon Buzzfeed, de nouveaux appels à manifester ont été lancés pour ce jeudi, toujours à Chemnitz.