Surfrider Foundation Europe milite pour une reconnaissance des vagues au patrimoine mondial de l’Unesco. Une manière de défendre la protection de l’océan à travers la pratique du surf, d’après Florent Marcoux, directeur de l’association.
Pourquoi une telle initiative ?
Tout part d’un constat simple : généralement, l’être humain sait protéger ce qui a de la valeur. Or, après vingt ans à se battre au quotidien pour protéger les océans, nous nous sommes dit qu’il fallait aussi mener un autre travail, plus proactif, pour démontrer la valeur de ces mêmes océans. Au vu de notre identité, la vague et le surf s’imposent comme des emblèmes en la matière. C’est de là qu’est née l’idée d’inscrire les vagues et la pratique du surf au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’objectif est donc le suivant : si on obtient ce classement au patrimoine mondial, de fait, on accroîtra considérablement la reconnaissance du surf et des vagues au niveau international. Et obtenir cette reconnaissance-là nous aiderait pour peser davantage dans les débats en lien avec l’océan.
Aujourd’hui, le projet est toujours en stand-by. Pour des raisons pratiques, d’abord : il n’est pas simple de trouver des moyens à consacrer à ce type de projets de longue haleine. De plus, la démarche n’est pas simple : d’un point de vue juridique, il revient à un Etat ou plusieurs Etats – et non à un individu ou une association – de déposer la demande officielle. Nous sommes toujours en négociation avec l’Etat français et avec le ministère de la Culture, que nous devons convaincre d’aller porter cette demande, avec notre appui, auprès de l’Unesco. Mais les contacts que nous avons établis, les recherches et les études de faisabilité que nous avons menées ont tendance à prouver que le projet est réalisable.
D’après quels critères comptez-vous faire reconnaître les vagues et le surf au patrimoine mondial de l’Unesco ?
De façon générale, il s’agit de démontrer le caractère durable du surf et des vagues. Nous prenons des critères assez classiques. Economiques, d’abord : la pratique du surf est très importante en termes d’impact économique, de création d’emploi, de création des richesses, etc. Le surf n’est pas simplement une pratique de citoyens proches du littoral, cela représente aussi beaucoup d’écoles de surf, de commerces. C’est aussi du tourisme.
Critères environnementaux, également : la qualité d’un bon «spot de surf» ou d’une belle vague, par exemple, se mesure en termes d’environnement, de qualité de l’eau.
Critères sociaux et culturels, enfin : il y a une véritable culture derrière le surf, à la fois artistique, musicale, historique… Il y a toute une communauté autour du surf, qui ne partage pas que des valeurs sportives. Il y a une richesse derrière ce patrimoine, qu’il convient à notre sens de valoriser pour mieux le protéger. C’est un patrimoine qui appartient à tout le monde.
En quoi les vagues et la pratique du surf constituent-elles un enjeu environnemental ?
La zone littorale subit aujourd’hui une double pression. Climatique, évidemment, mais aussi anthropique, puisque de plus en plus de personnes s’installent sur le littoral, alors même que le réchauffement climatique bouleverse les écosystèmes et la géographie de cette zone. A travers le surf, c’est l’océan, la vague et le littoral que nous souhaitons protéger. Ce sont des aspects naturels et culturels emblématiques de ce milieu.
L’un de nos combats phares, par exemple, concerne la pratique des déchets à usage unique, qui polluent l’océan. L’homme a créé un monstre. On retrouve aujourd’hui du plastique sur toute la planète. C’est une aberration de continuer à produire des objets qui ont une durée de vie de quelques minutes, alors qu’ils vont mettre des centaines d’années à se dégrader dans l’environnement.
On travaille aussi depuis de nombreuses années sur les enjeux de pollution des océans et de qualité de l’eau, notamment en raison de l’impact que cela peut avoir sur la santé des usagers. Nous sommes très inquiets sur la pollution chimique et l’impact qu’elle peut avoir sur les écosystèmes, sur la biodiversité marine mais aussi les êtres humains.