L'homme qui se comparait à Hitler pour vanter électoralement ses mérites sanguinaires va planter un arbre à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, juste à côté de celui enraciné par Viktor Orbán. C'est peu dire que la visite du président philippin, Rodrigo Duterte, quelques mois après celle du Premier ministre hongrois, est controversée en Israël. Sur la radio publique, Avi Dichter, ponte du Likoud (le parti du Premier ministre israélien), a même recommandé d'avaler un antivomitif pour tenir le coup jusqu'à mercredi, date du retour de Duterte à Manille.
Mais cette visite historique (la première depuis l'ouverture de relations diplomatiques entre les deux pays en 1957) a aussi du sens. Depuis le début des années 2000, l'Etat hébreu compte une importante communauté philippine, estimée à 30 000 personnes, dont 85 % de femmes, qui renvoient dans leur pays natal environ 100 millions d'euros de devises par an. Ces dernières travaillent presque exclusivement dans le secteur de l'aide à la personne, auprès de l'importante population vieillissante israélienne. Un phénomène de société, au point que le mot hébreu metapelet («celle qui aide») est presque devenu synonyme de «Philippine».
Lundi, lors de sa rencontre avec Duterte, Nétanyahou a souligné «les soins remarquables» prodigués par l'une d'elles à son père centenaire jusqu'à sa mort. De son côté, Duterte a assuré qu'il venait vérifier que ses concitoyens étaient «bien protégés» malgré la «situation volatile» dans la région.
A la tête d'une pléthorique délégation (400 personnes), Duterte n'est cependant pas venu que pour se pencher sur le sort des aides à domicile. Celui qui a déclaré à son arrivée, sans ironie apparente, «partager la même passion pour la paix […] et les êtres humains» que Nétanyahou devrait aussi signer d'importants accords commerciaux. Duterte doit notamment parapher un accord réservant l'exploitation d'un gisement pétrolier offshore à la compagnie israélienne Ratio Petroleum. En outre, une démonstration «d'armement avancé» serait au programme pour l'homme fort philippin.