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Libération

Mort du chef taliban Jalaluddin Haqqani

publié le 4 septembre 2018 à 21h06

De tous les seigneurs de guerre afghans, il était l’un des plus redoutés. Jalaluddin Haqqani, 70 ans environ, est mort, ont annoncé mardi les talibans. Gravement malade, sa disparition remonte peut-être à longtemps, et ne bouleversera pas la situation sur le terrain. Sirajuddin, son fils aîné, dirige ce que l’on appelle «le réseau Haqqani» tout en étant numéro 2 des talibans afghans.

Jalaluddin Haqqani, chef tribal et religieux, était tout à la fois un intime du mollah Omar, qu'il avait commandé durant la guerre contre l'Armée rouge, et d'Oussama ben Laden, qu'il avait accueilli en Afghanistan. Il était aussi proche des services de renseignements militaires pakistanais. Le réseau Haqqani a commis les premiers attentats-suicides en Afghanistan après l'intervention américaine de 2001. Il a été derrière les plus sanglantes attaques qui ont frappé Kaboul. «Il est le seul à être aussi bien infiltré. Il peut préparer, organiser et commettre des attentats qui seront ensuite revendiqués par les talibans ou l'Etat islamique», explique un officiel afghan.

Durant la guerre contre l'armée soviétique au début des années 80, la CIA, qui a remarqué les succès militaires de Jalaluddin Haqqani, le finance largement. Mosquées, hôpitaux, orphelinats : cette manne servira durant des années à consolider son pouvoir. L'homme passe alors beaucoup de temps à Peshawar. C'est probablement là qu'il rencontre un riche Saoudien financier du jihad, Oussama ben Laden. En 1986, l'Afghan l'invite chez lui à Jaji, dans la province de Khost. Une décennie plus tard, lorsque Ben Laden cherche un pays d'accueil, il est accueilli par les talibans qui ont pris le pouvoir. Mais en 2002, Haqqani tente d'opérer un revirement. Il demande à ses responsables tribaux «d'aller saluer le frère pachtoun Karzaï» - Hamid Karzaï, membre de la tribu rivale des Durrani, venait d'être nommé dirigeant par intérim de l'Afghanistan. L'initiative tourne mal. Le convoi qui se rend à Kaboul est bombardé par les Américains.

Haqqani devient alors l’un des adversaires les plus dangereux des forces américaines et de l’Otan, qui s’installent en Afghanistan. A partir de 2005, les insurgés regagnent du terrain. Ils contrôlent aujourd’hui des pans entiers du pays. Incapables de les battre, les Etats-Unis et le gouvernement afghan tentent de les convaincre de négocier.