La vague #MeToo peut aussi prendre la forme d'un effet papillon : des arcanes de la politique locale new-yorkaise jusqu'au plus proche entourage du Premier ministre israélien. Depuis une semaine, un scandale enserre le premier cercle de Nétanyahou. Il a déjà causé la «mise en congé» de David Keyes, son porte-parole pour les médias anglophones depuis deux ans, poste ultrastratégique (Nétanyahou s'en est servi pour bâtir sa notoriété dans les années 80) et met désormais en difficulté l'ambassadeur israélien à Washington, le très influent Ron Dermer.
Tout commence il y a une semaine par un tweet de Julia Salazar, 27 ans, candidate «socialiste» au sénat de l'Etat de New York. Pendant des semaines, cette égérie de la génération Sanders a vu son passé, qu'elle avait enjolivé, et même sa judéité proclamée, remis en question par les médias américains.
C'est pour devancer la sortie d'un énième scoop qu'elle a annoncé avoir été victime, cinq ans plus tôt, d'un rapport sexuel non consenti après un rendez-vous avec David Keyes, alors lobbyiste pour des ONG pro-israéliennes à New York. Dans la foulée, Shayndi Raice, journaliste du Wall Street Journal, rédaction que Keyes fréquentait pour y publier ses tribunes, décrit dans une série de tweets une «confrontation terrible» avec ce dernier, qu'elle qualifie de «prédateur». Très vite, la presse israélienne obtient une douzaine de témoignages accusant Keyes de faits similaires et deux mails où il s'excuse auprès de ses victimes pour son comportement «pas très gentleman». Keyes, qui avait déjà été mis en cause en 2016, dément en bloc.
Deux députées demandent alors sa démission. Jeudi il annonce avoir pris «congé» pour «laver son nom». L'affaire rebondit ce week-end quand l'ex-responsable des éditos du Wall Street Journal affirme avoir prévenu l'ambassadeur Dermer du «risque que posait Keyes pour les femmes travaillant pour le gouvernement israélien». Dans un communiqué, Dermer a reconnu ne pas avoir fait suivre ces avertissements au moment de la nomination de Keyes. Dimanche, Karin Elharar du parti Yesh Atid (centre) a exigé le rappel de l'ambassadeur.