Prévenir les famines grâce à l'intelligence artificielle et au big data ? C'est l'ambition d'un projet rendu public dimanche soir par les Nations unies et la Banque mondiale : le «Famine Action Mechanism» (FAM), qui embarque, outre le Comité international de la Croix-Rouge, trois géants du numérique, Amazon, Google et Microsoft. Il sera officiellement lancé mercredi. Objectif : «Analyser les signaux précoces pour évaluer là où le risque de famine est le plus sévère, combien de personnes sont susceptibles d'être touchées, et où elles se trouvent», afin de pouvoir «mobiliser des ressources au plus tôt», explique à Libération la directrice générale de la Banque mondiale, la Bulgare Kristalina Gueorguieva.
L'idée de mobiliser les mastodontes de la «tech» a germé l'an dernier, après la famine qui a frappé la Somalie. De quoi tout de même, au passage, offrir à ces multinationales - déjà affairées à investir la santé, l'éducation ou les transports - un nouveau terrain d'intervention, et une occasion de redorer leur blason alors que leur modèle de captation et de concentration des données est de plus en plus critiqué… «Quand il s'agit de sauver des vies, elles ont des capacités qui ne sont pas encore entièrement exploitées», défend Gueorguieva. Des algorithmes pilotes ont été développés pour le Soudan du Sud, la Somalie, le Niger, le Mali et le Tchad.